Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
L’article publié par Libération met en lumière des perquisitions menées dans le cadre de l’affaire des 125 milliards de francs CFA évoquée dans le rapport de la CENTIF. Ces perquisitions, visant des sociétés liées à des figures connues comme Farba Ngom ou Tahirou Sarr, révèlent une réalité troublante : plusieurs adresses sont fictives, certaines sociétés sont introuvables, et des locaux hébergent même des agents de l’ambassade des États-Unis. Cette affaire ne se limite pas à des malversations financières, elle révèle un système sophistiqué de fraude institutionnalisée qui mine les fondements mêmes de la gouvernance étatique.
Le rapport de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières) fait état de transactions suspectes pour un montant dépassant les 125 milliards de francs CFA. Face à ces soupçons, le juge du premier cabinet du PJF a ordonné une série de perquisitions pour éclaircir l’origine et la destination de ces fonds. Mais au lieu de faire la lumière, ces perquisitions ont révélé un réseau de sociétés-écrans, d’adresses fictives et d’opacités délibérément entretenues. Ces révélations ne sont pas anodines : elles suggèrent une volonté manifeste de dissimuler, d’induire en erreur, et surtout, de protéger les véritables bénéficiaires de ces détournements.
Le plus choquant dans cette affaire, ce n’est pas seulement la somme astronomique en jeu. C’est l’ingéniosité déployée pour camoufler les traces. Lorsque les enquêteurs se présentent à une adresse censée héberger une société et découvrent qu’elle n’existe pas, ou qu’elle héberge une ambassade étrangère, on dépasse le cadre du simple oubli ou de l’erreur administrative. Il s’agit d’un système bien huilé, utilisant des sociétés-écrans, des prêtes-noms et des structures opaques pour dissimuler des circuits de blanchiment. Le silence autour de cette affaire, la lenteur des procédures et les connexions politiques des personnes impliquées renforcent l’idée d’une protection en haut lieu.
Un mode opératoire systémique, les sociétés introuvables et les adresses fictives ne sont pas des cas isolés. Cela témoigne d’un schéma planifié visant à contourner les contrôles de l’État.
Complicités au sein des institutions, il est improbable que ces montages aient pu perdurer sans la passivité – voire l’aide de certaines structures administratives.
Menace pour la crédibilité de l’État, ce type de scandale alimente le désenchantement des citoyens et affaiblit la confiance dans les institutions républicaines.
Un précédent dangereux, si cette affaire reste impunie ou étouffée, elle deviendra un modèle de référence pour d’autres acteurs sans scrupules.
Le phénomène des sociétés-écrans n’est pas nouveau. Des institutions comme Transparency International ont souligné à maintes reprises leur rôle dans les détournements en Afrique. Au Sénégal, des précédents comme le scandale du FESMAN ou de Petro-Tim ont déjà mis en évidence des mécanismes similaires : usage de sociétés fictives, d’intermédiaires invisibles, et d’un manque flagrant de transparence dans les marchés publics.
Des affaires semblables ont secoué d’autres pays : le scandale des « Panama Papers » ou encore celui des « Pandora Papers » ont révélé comment des élites politiques utilisent des sociétés offshore pour dissimuler leurs avoirs. Au Nigeria, le cas du détournement de 2,1 milliards de dollars sous couvert d’achat d’armement a également mis en évidence des montages comparables. Ce qui relie tous ces scandales, c’est l’impunité des responsables et la faiblesse des mécanismes de contrôle.
L’affaire des 125 milliards ne saurait être traitée comme un simple dossier judiciaire parmi d’autres. Elle met à nu un système de corruption d’une rare complexité, soutenu par des complicités internes et externes. Il est impératif que les institutions judiciaires fassent preuve d’indépendance, que la lumière soit faite en toute transparence, et que les responsables soient sanctionnés. Le Sénégal ne peut se permettre d’ignorer un tel niveau de fraude sans mettre en péril sa propre souveraineté et la confiance de ses citoyens. Ce scandale n’est pas seulement financier : il est moral, institutionnel, et profondément politique.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 14/08/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





