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Le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération a récemment lancé “Source Sénégal PPP”, une plateforme numérique destinée à digitaliser et simplifier les procédures des partenariats public-privé (PPP). Présentée comme un levier de modernisation et de transparence, elle promet une réduction des délais et coûts administratifs, tout en facilitant l’attraction d’investissements privés. Cependant, malgré ces annonces ambitieuses, il convient d’adopter un regard critique sur cette initiative, qui pourrait loin d’être la panacée annoncée.
Le Sénégal affiche un niveau d’endettement alarmant, avoisinant 119 % du PIB, un chiffre que le ministre Abdourahmane Sarr souligne pour justifier un recours accru aux PPP afin d’alléger la pression sur les finances publiques. Or, l’introduction d’une plateforme numérique ne garantit en rien une meilleure gestion des partenariats ni une réduction réelle des risques financiers. Dans un contexte où la dette publique est déjà très lourde, l’optimisme affiché paraît parfois déconnecté des réalités administratives et politiques du pays.
“Source Sénégal PPP” se veut un processus entièrement digitalisé, censé encadrer chaque projet juridiquement, techniquement et financièrement. Sur le papier, cela semble moderne et rassurant. Mais la digitalisation à elle seule ne remplace pas une gouvernance rigoureuse ni un contrôle citoyen efficace. Au contraire, elle risque de créer un nouveau mur opaque, derrière lequel des technocrates et experts privés concentreront le pouvoir de décision, rendant la plateforme difficile à auditer par le citoyen lambda.
La promesse de transparence s’appuie essentiellement sur la conformité aux normes internationales, mais la vraie transparence exige un accès simple, compréhensible et critique aux données ce qui reste souvent un défi dans les systèmes numériques complexes, surtout dans un pays où la littératie digitale n’est pas encore généralisée.
Premièrement, l’expérience montre que la numérisation administrative ne suffit pas à garantir la lutte contre la corruption ou les conflits d’intérêts. Sans mécanismes de contrôle indépendants et participatifs, une plateforme numérique peut devenir un écran de fumée technologique, où les décisions stratégiques continuent à se faire dans l’opacité.
Deuxièmement, la dépendance envers la coopération étrangère ici allemande soulève la question de la souveraineté dans la gestion des projets stratégiques. Cette influence extérieure peut orienter les priorités selon des logiques parfois éloignées des besoins réels du Sénégal.
Troisièmement, le montant attendu des PPP (4 370 milliards de francs CFA sur 5 ans) est considérable. Or, sans une évaluation rigoureuse de la viabilité économique des projets, ce recours massif aux PPP pourrait aggraver la dette cachée de l’État, comme l’ont montré plusieurs cas en Afrique où ces contrats ont généré des coûts exorbitants et des litiges juridiques longs.
À l’international, plusieurs pays ont tenté de digitaliser leurs procédures PPP, mais les résultats sont mitigés. Par exemple, au Nigeria, des plateformes similaires ont souvent manqué de transparence réelle, avec des cas de projets bloqués, détournements et difficultés d’accès aux données publiques. La complexité technique a creusé le fossé entre les experts et la population, sans résoudre les problèmes structurels.
Si “Source Sénégal PPP” semble répondre aux besoins de modernisation administrative et de réduction des délais, il faut rester prudent face à ces promesses numériques. Une plateforme, aussi innovante soit-elle, ne peut remplacer une bonne gouvernance, des mécanismes clairs de contrôle démocratique et une gestion prudente des finances publiques.
Sous couvert de transparence et d’efficacité, “Source Sénégal PPP” risque de renforcer un système technocratique inaccessible à la majorité, et de masquer les défis réels liés à l’endettement et au contrôle des partenariats. Le grand public mérite une information claire, complète et accessible, bien au-delà de l’écran séduisant de la digitalisation.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 15/08/2025
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