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La récente décision du ministère des Sports de prolonger la saison de lutte 2024-2025, initialement prévue pour se terminer le 31 juillet, jusqu’au 24 août, a suscité de nombreuses réactions. Cette prolongation, annoncée par le président du Comité national de gestion (CNG), Malick Ngom, répond à la demande des promoteurs qui ont subi un coup d’arrêt brutal avec la suspension des compétitions suite à des incidents violents.
Si cette mesure apparaît comme une solution pragmatique pour permettre aux acteurs du milieu de finir leurs programmes, elle met toutefois en lumière un problème trop souvent occulté : la question cruciale de la sécurité dans les galas de lutte.
Le Sénégal est fier de sa tradition de lutte, sport roi et véritable spectacle populaire. Mais cette popularité s’accompagne malheureusement de violences récurrentes, qui obligent régulièrement les autorités à intervenir en suspendant temporairement les compétitions. Ces mesures, bien qu’indispensables, sont souvent prises dans l’urgence, sans qu’une stratégie durable de prévention et de sécurité ne soit mise en place. La prolongation de la saison, à cause des suspensions, illustre cette gestion réactive plus que proactive.
L’argument avancé pour cette prolongation repose sur la demande des promoteurs, soucieux de respecter leurs engagements financiers et sportifs. Mais curieusement, le débat public et médiatique se concentre presque exclusivement sur les aspects économiques et organisationnels, au détriment d’une analyse approfondie des causes profondes des violences. Où sont les mesures concrètes pour assurer la sécurité des lutteurs, des promoteurs et du public ? Pourquoi le ministère de l’Intérieur, bien que partie prenante dans la suspension, ne semble pas engagé dans un plan clair pour encadrer ces manifestations ?
Les galas de lutte sont des événements à forte tension émotionnelle, mêlant rivalités sportives, enjeux financiers et parfois claniques. Sans un cadre sécuritaire renforcé, chaque gala est une bombe à retardement. Les suspensions temporaires ne sont qu’un pansement sur une blessure béante, qui ne cicatrise jamais.
Premièrement, la multiplication des incidents violents remet en question la capacité des autorités à protéger efficacement les populations lors des galas. Cela nuit à l’image du sport et décourage les sponsors, essentiels à son développement.
Deuxièmement, la répétition de ces suspensions perturbe la régularité de la saison, fragilisant les promoteurs et les lutteurs eux-mêmes. Mais prolonger la saison pour rattraper le temps perdu sans avoir réglé la question sécuritaire revient à répéter les mêmes erreurs.
Enfin, comparons avec d’autres pays où les sports populaires ont réussi à instaurer un cadre sécurisé. Au Nigeria, par exemple, la lutte traditionnelle a su évoluer avec la collaboration étroite entre les organisateurs, les forces de l’ordre et les collectivités locales, limitant ainsi les débordements. Il est temps pour le Sénégal de s’inspirer de ces modèles pour que la passion ne tourne plus au drame.
Prolonger la saison de lutte peut paraître une bonne nouvelle pour les passionnés et les acteurs du secteur, mais cela masque une réalité préoccupante : la sécurité reste le grand absent du débat. Tant que les autorités ne mettront pas en place une stratégie globale, avec des mesures concrètes de prévention et de gestion des risques, les incidents violents se répéteront, mettant en péril l’avenir même de ce sport emblématique.
Il est urgent de passer d’une gestion ponctuelle des crises à une politique de sécurité durable, impliquant tous les acteurs, du ministère de l’Intérieur au ministère des Sports, en passant par les promoteurs et les communautés. La lutte mérite mieux que des reports et des prolongations répétées : elle mérite un cadre sécurisé qui protège ses valeurs et ses pratiquants.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 16/08/2025
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