Traitement « VIP » pour certains : L’impunité en plein jour - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 19/08/2025 08:08:00

Traitement « VIP » pour certains : L’impunité en plein jour

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La Chambre d’accusation financière de la Cour d’appel de Dakar a ordonné, ce mardi 12 août 2025, la mise en liberté provisoire de l’ancien ministre des Sports et ex-directeur général de la Lonase, Lat Diop, sous bracelet électronique. Cette décision est une farce judiciaire à l’endroit des Sénégalais, une preuve de plus qu’on offre à certaines élites un traitement « VIP » alors que le peuple croule. Ce bracelet électronique, c’est l’« électron libre » de la justice sénégalaise.

Accusé de détournement de deniers publics, extorsion et blanchiment de capitaux, pour un montant estimé à 8 milliards FCFA, Lat Diop est détenu depuis septembre 2024. À la Cour d’appel, les avocats ont obtenu un revirement favorable ; maintenant, sa liberté surveillée attend le verdict final, sous réserve d’un éventuel pourvoi du parquet général.

Le bracelet électronique est une solution de confort pour l’accusé, pas un instrument de justice équitable. Il marque une justice « light » pour les élites politiques : on détient depuis des mois un homme suspecté de piller des milliards, et la réponse est… un gadget électronique. Ce signal est désastreux. Pendant ce temps, des Sénégalais fragilisés, accusés de vol mineur – de volailles ou de denrées – restent emprisonnés, souvent dans des conditions inhumaines.

« Il est inacceptable d’avoir un système judiciaire qui envoie les voleurs de poulets en prison et qui accorde des bracelets électroniques aux kulunas qui ont pillé les milliards des Sénégalais ».
Ce double standard est inacceptable.

Montant astronomique détourné versus misère sociale : 8 milliards FCFA, c’est l’équivalent de centaines de projets sociaux, de bourses, de centres de santé vacillants ou d’écoles en ruine. Et cet homme pourrait bientôt circuler librement chez lui, tranquillement supervisé… et probablement influent.

Justice « allégée » pour les puissants : Le bracelet électronique n’est rien d’autre qu’un coup de poker bourgeois, une version peau de chagrin de la justice. Est-ce cela, « l’égalité devant la loi » ? Non, c’est une version édulcorée pour VIP.

Dans de nombreux pays, des corruptions de taille équivalente impliqueraient détention ferme avec peine réelle. Par exemple, au Rwanda ou en Botswana, la lutte anticorruption est impitoyable, même pour des hauts fonctionnaires. Le Sénégal déroule le tapis rouge.

Le bracelet électronique, ce prodige technologique censé contrôler un accusé, ressemble davantage à une montre de luxe qu’à une entrave judiciaire. Fiscalement et symboliquement, il coûte cher, mais soigne les apparences.

Rwanda / Botswana : des fonctionnaires corrompus ne jouissent pas de mansuétude. Ils sont jugés, emprisonnés, déchus politiquement, à la différence de notre Lat Diop.

France / Suisse : de récentes affaires de détournement public ont conduit à des détentions préventives prolongées, des interdictions de droit et des confiscations. Ici, la réponse est plus clémente.
Ce contraste souligne la faiblesse du système sénégalais face aux dérives de ses élites.

Accorder un bracelet électronique à un homme accusé d’avoir détourné 8 milliards FCFA, c’est injecter un parfum d’impunité dans un système déjà décrié. C’est le signe visible d’une justice élastique, à deux vitesses, favorable à ceux qui sont bien nés ou bien connectés. Tant que ce genre de mesure symbolique remplacera des peines effectives, la confiance citoyenne restera brisée. Et surtout, tant que les Sénégalais ordinaires croupiront pour un petit délit, ce bracelet sera la plus cruelle des absurdités.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdoulaye Ba.
Mis en ligne : 19/08/2025

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