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L’affaire Nicolas Jackson est révélatrice d’un mal profond dans le football moderne : les joueurs, surtout africains, sont trop souvent traités comme des pions interchangeables, leurs projets personnels sacrifiés sur l’autel des intérêts sportifs et financiers des clubs. Alors que tout était bouclé pour son prêt au Bayern Munich, Chelsea a brutalement fait machine arrière après la blessure de Liam Delap, laissant Jackson dans une situation ubuesque.
Ce revirement n’est pas un cas isolé, mais le symptôme d’un système où les carrières des footballeurs sont manipulées sans égards pour leurs aspirations. Les clubs comme Chelsea et le Bayern Munich, en agissant ainsi, bafouent la dignité des joueurs et perpétuent une logique de domination qui frappe particulièrement les Africains.
Nicolas Jackson, attaquant sénégalais de Chelsea, avait tout organisé pour rejoindre le Bayern Munich sous forme de prêt avec option d’achat. Les négociations étaient finalisées, le joueur était même en Allemagne pour passer sa visite médicale, quand Chelsea a annulé le transfert à la dernière minute, invoquant la blessure de Delap. Le Bayern, de son côté, se retrouve sans solution offensive immédiate, et Jackson, lui, est pris en étau : son camp refuse de revenir à Londres, mais son avenir est désormais incertain. Cette situation illustre comment les clubs, en quête de solutions rapides, jouent avec la stabilité et les projets des joueurs, surtout quand ceux-ci viennent d’Afrique.
L’histoire de Jackson n’est malheureusement pas unique. Les joueurs africains sont souvent perçus comme des ressources flexibles, facilement mobilisables ou écartables selon les besoins. La Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025, par exemple, a déjà poussé plusieurs clubs européens à hésiter à recruter des Africains, de peur de les perdre pendant la compétition. Cette réticence révèle un mépris latent : les talents africains sont appréciés pour leurs performances, mais rarement considérés comme des éléments centraux à protéger ou à accompagner sur le long terme.
Le cas de Jackson rappelle aussi celui de nombreux footballeurs dont les transferts ont capoté in extremis, laissant des carrières en suspens. Ces revirements brutaux, comme celui subi par Jackson, ont des conséquences lourdes : perte de confiance, instabilité familiale, et parfois, déclin sportif. Pourtant, les clubs ne semblent pas prêts à remettre en cause leur pouvoir absolu sur les destins individuels.
Le manque de respect pour les projets personnels : Jackson avait préparé son départ, mentalement et professionnellement. Le rappeler sans concertation, c’est nier son droit à l’autodétermination. Combien de joueurs africains ont vu leurs rêves brisés par des décisions unilatérales ?
L’hypocrisie des grands clubs : Chelsea et le Bayern se présentent comme des institutions respectables, mais leur gestion chaotique des transferts montre qu’ils placent leurs intérêts immédiats au-dessus de tout. Le Bayern, qui cherchait à soulager Harry Kane, se retrouve sans renfort, et Jackson, lui, est laissé dans le flou.
Un problème structurel : le football moderne, avec ses montants pharaoniques et ses enjeux sportifs, a transformé les joueurs en actifs financiers. Les contrats, les prêts, les options d’achat sont négociés entre clubs, souvent sans réelle consultation des principaux concernés. Les joueurs africains, en particulier, subissent cette logique, car ils ont moins de poids pour s’opposer aux décisions des dirigeants.
Ademola Lookman, après des débuts prometteurs en Angleterre, a dû quitter le pays pour enfin s’épanouir à l’Atalanta. Son parcours montre comment les clubs européens peuvent gâcher des talents en les utilisant comme variables d’ajustement.
Mohamed Salah ou Achraf Hakimi, malgré leur succès, ont dû lutter pour imposer leurs choix, face à des clubs réticents à les considérer comme des partenaires à part entière.
La justice européenne a récemment rappelé que les règles de la FIFA sur les transferts entravent la liberté des joueurs, mais les pratiques changent lentement.
L’affaire Jackson doit servir d’électrochoc. Il faut que les clubs, les fédérations et les instances du football reconnaissent que les joueurs ne sont pas des pions, mais des professionnels dont les carrières et les vies méritent du respect. Les transferts avortés, les prêts imposés, les revirements de dernière minute doivent cesser. Les joueurs africains, comme tous les autres, ont le droit de choisir leur avenir.
Les supporters, les médias et les syndicats de joueurs doivent exiger plus de transparence et d’éthique dans la gestion des transferts. Sans cela, le football continuera à produire des victimes collatérales, au mépris de ses propres valeurs.
Si rien ne change, le football perdra bien plus que des talents. Il perdra sa crédibilité et son âme. Il faut replacer l’humain au cœur du jeu.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ousmane Mané.
Mis en ligne : 04/09/2025
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