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La gestion des billets pour le match Sénégal-Soudan révèle une réalité amère : malgré les promesses de changement, la Fédération sénégalaise de football (FSF) peine à éradiquer les pratiques mafieuses qui gangrènent l’accès aux stades. La revente illégale de billets, loin d’être un accident, s’apparente à un système organisé, toléré, voire protégé, par une complicité passive des autorités.
Si la FSF annonce des réformes, comme la digitalisation de la billetterie, les faits montrent que les mêmes dérives persistent, au détriment des vrais supporters.
La gestion des billets pour les matchs de l’équipe nationale est un serpent de mer. Depuis des années, les supporters sénégalais subissent des files d’attente interminables, des ruptures de stock suspectes, et surtout, une revente spéculative qui transforme leur passion en calvaire. Lors du dernier match au stade Abdoulaye Wade, des billets officiellement « épuisés » réapparaissaient miraculeusement entre les mains de revendeurs, à des prix multipliés par deux ou trois. Pire, ces trafics s’opèrent parfois devant les points de vente officiels de la FSF, sans que personne n’intervienne.
Cette situation n’est pas nouvelle. Dans d’autres pays africains, des scènes similaires ont été observées : des billets achetés en masse par des spéculateurs, revendus à prix d’or, tandis que des gradins restaient vides. Ces situations ont parfois conduit les instances à intervenir en urgence, reconnaissant des « fautes graves » dans la gestion de la billetterie. Au Sénégal, le phénomène est endémique, et les annonces de réforme sonnent comme des aveux d’impuissance.
La FSF invoque la digitalisation comme solution miracle. Pourtant, cette mesure, si elle peut limiter les files d’attente, ne résout pas le cœur du problème : qui contrôle vraiment l’accès aux billets ? Les revendeurs opèrent en toute impunité, souvent en lien avec des réseaux influents. Leur présence devant les stades, y compris celui de la FSF, pose une question lancinante : qui les protège ?
Malgré les plaintes répétées, aucune sanction exemplaire n’est prise contre les trafiquants. Les forces de l’ordre, présentes lors des matchs, ferment les yeux. Combien de billets sont réellement mis en vente ? Qui bénéficie des places « réservées » ? Les supporters lambdas n’ont aucune visibilité sur ces processus. Pendant que des milliers de fans sont bloqués à l’extérieur, une poignée de profiteurs s’enrichit sur leur dos. Un billet à 5 000 FCFA se négocie jusqu’à 15 000 FCFA, soit trois fois son prix, sans que la FSF ne réagisse.
La digitalisation annoncée ne changera rien si les mêmes acteurs contrôlent le système. Pire, elle risque d’aggraver les inégalités, en excluant les supporters sans accès à internet ou à un smartphone. Plusieurs éléments accréditent l’idée d’une complicité passive, sinon active, des instances dirigeantes. Comment des revendeurs peuvent-ils opérer devant le siège de la FSF sans être inquiétés ? À chaque scandale, la FSF promet des « mesures fortes », mais les mêmes dysfonctionnements resurgissent à chaque match. La Fédération refuse également de publier des données claires sur le nombre de billets imprimés, vendus ou annulés, ce qui alimente les soupçons de détournements organisés.
Dans d’autres pays africains, des mesures existent pour lutter contre ces dérives. La billetterie est entièrement tracée, avec des billets nominatifs et des contrôles stricts. Les fédérations collaborent avec les forces de l’ordre pour démanteler les réseaux de revente. En Europe, la revente spéculative est sévèrement réprimée, avec des amendes lourdes. Au Sénégal, en revanche, aucune volonté politique ne semble émerger pour nettoyer ce système. La FSF se contente de communiqués, tandis que les supporters paient le prix de cette inertie.
La passion des Sénégalais pour leur équipe nationale est une richesse. Pourtant, elle est aujourd’hui confisquée par une minorité de profiteurs, avec la bénédiction tacite des autorités. La digitalisation ne sera qu’un pansement sur une jambe de bois si elle n’est pas accompagnée d’une volonté réelle de transparence et de justice.
Il faut que la FSF assume ses responsabilités : publier les chiffres du nombre de billets imprimés, vendus et annulés, sanctionner les revendeurs par interdiction de stade ou poursuites judiciaires, et garantir l’accès équitable avec des quotas pour les supporters locaux, des prix abordables et des points de vente sécurisés. Le football sénégalais mérite mieux que des promesses creuses et des pratiques mafieuses. Tant que les trafiquants agiront en toute impunité, la crédibilité de la FSF et celle de ses dirigeants restera entachée. Le stade doit redevenir un lieu de fête populaire, pas un marché aux illusions.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Alseyni Sall.
Mis en ligne : 13/09/2025
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