L’OMS baisse la garde trop tôt : Mpox circule en silence - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Santé | Par Eva | Publié le 12/09/2025 11:09:45

L’OMS baisse la garde trop tôt : Mpox circule en silence

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Vendredi dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé la fin de l’urgence sanitaire internationale pour le mpox en Afrique, se félicitant de l’amélioration de la situation épidémiologique. Si cette décision peut sembler rassurante, elle soulève une inquiétante question : et si cette levée d’alerte était prématurée ? L’expérience des épidémies passées, comme Ebola ou le COVID-19, montre que des annonces optimistes peuvent précéder des reprises dévastatrices.

En Afrique, où les systèmes de santé restent fragiles et la surveillance encore incomplète, le risque d’une résurgence du virus, notamment de sa souche la plus mortelle, demeure réel. Derrière la baisse apparente des cas se cachent des failles persistantes : sous-notification, manque de tests dans les zones rurales et circulation silencieuse du virus au-delà des frontières africaines.

Le mpox n’est pas une menace nouvelle. Endémique en Afrique centrale et de l’Ouest, il avait refait surface en 2022 avec le clade II, provoquant une alerte mondiale lorsque des milliers de cas ont été détectés hors du continent. L’année suivante, une autre souche, le clade I, plus létale et se transmettant par contact étroit, avait justifié la déclaration d’urgence sanitaire. Aujourd’hui, l’OMS estime la situation sous contrôle. Mais les leçons du passé appellent à la prudence. Des annonces de fin d’épidémie ont déjà été suivies de nouvelles flambées, et les virus ne respectent ni calendriers ni frontières.

Le mpox continue de circuler en Afrique centrale et orientale, avec des cas sporadiques signalés jusque sur d’autres continents. Même s’il s’agit de rares infections, elles démontrent que le virus n’a pas disparu. Dans un contexte de mobilité internationale accrue, une épidémie localisée peut rapidement se transformer en crise mondiale. La baisse des cas, sur laquelle s’appuie l’OMS pour lever l’urgence, masque une réalité complexe : dans de nombreuses régions, les tests restent insuffisants et les données fragmentaires. Dans les zones rurales, où l’accès aux soins est limité, les infections passent souvent inaperçues, faute de moyens de dépistage. Dans ces conditions, affirmer que le virus est sous contrôle relève d’un optimisme excessif.

Les faiblesses du système de surveillance sont évidentes. Dans les zones les plus touchées, la majorité des districts sanitaires n’ont pas de laboratoires capables de confirmer les cas. Les symptômes du mpox, fièvre, lésions cutanées, peuvent être confondus avec d’autres maladies, ce qui contribue à sous-estimer l’ampleur réelle de la transmission. Le clade I, plus mortel et difficile à tracer, se transmet au sein des familles et des communautés, rendant les chaînes de contamination plus difficiles à rompre. Sans surveillance renforcée, le virus pourrait continuer à circuler, voire évoluer vers des formes encore plus dangereuses.

La levée de l’urgence envoie un signal problématique : elle pourrait être interprétée comme la fin de la menace. Or, l’expérience montre que lorsque l’alerte est levée, les financements et l’attention internationale diminuent rapidement. L’accès aux vaccins reste limité et les campagnes de prévention ciblent rarement les populations les plus exposées. Cette dynamique rappelle celle observée lors de la pandémie de COVID-19, où les populations africaines ont souvent été les dernières servies, payant le prix des variants émergents. Avec le mpox, le scénario pourrait se répéter : la vigilance relâchée, les ressources réduites, et les populations vulnérables exposées.

La prudence s’impose. La levée de l’urgence sanitaire peut être justifiée sur le papier, mais elle reste prématurée dans les faits. Tant que la surveillance n’atteint pas toutes les zones à risque et que les outils de prévention ne sont pas accessibles à tous, le virus continuera de représenter une menace réelle. L’histoire nous a appris que les épidémies ne disparaissent pas par décret : elles resurgissent lorsque la vigilance faiblit et que les ressources manquent.

Plutôt que de ranger l’alerte au placard, cette décision devrait être l’occasion de renforcer les systèmes de santé, d’intensifier la surveillance et de garantir un accès équitable aux vaccins et aux traitements. Baisser la garde aujourd’hui, c’est prendre le risque de payer demain un prix bien plus lourd. La bataille contre le mpox n’est pas gagnée : vigilance et préparation restent nos meilleures défenses.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Marème Sall.
Mis en ligne : 12/09/2025

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