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La récente victoire du Sénégal contre la RD Congo (3-2) dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 a suscité une vague de fierté nationale, mais aussi des polémiques inattendues. Le député Guy Marius Sagna a vivement critiqué les félicitations adressées par l’ancien président Macky Sall aux Lions, accusant ce dernier d’avoir « marqué contre son camp » pendant son mandat. Pourtant, au-delà des clivages politiques, il est légitime de rappeler que Macky Sall reste avant tout un Sénégalais, et que le sport, surtout lorsqu’il unit une nation, transcende les querelles partisanes. Il est non seulement normal, mais salutaire, qu’un ancien chef d’État exprime sa joie pour une victoire collective. La vie, après tout, ne se résume pas à la politique.
Le football, au Sénégal comme ailleurs en Afrique, est bien plus qu’un simple divertissement. Il incarne l’espoir, la résilience et l’unité d’un peuple. La victoire des Lions contre la RD Congo, acquise dans un match haletant et retourné en seconde mi-temps, a rappelé à tous la capacité du sport à fédérer, à faire vibrer une nation entière, indépendamment des sensibilités politiques. Dans un continent où les défis sont nombreux, ces moments de communion sont précieux. Ils rappellent que, malgré les tensions, il existe des symboles communs qui rassemblent.
Macky Sall, en tant qu’ancien président, a toujours affiché un soutien public à l’équipe nationale, que ce soit lors de la CAN 2019 ou à d’autres occasions. Ce soutien n’est pas une exception, mais une constante chez de nombreux dirigeants africains, qui voient dans le sport un levier de cohésion sociale et de rayonnement international. En Côte d’Ivoire, au Maroc ou au Rwanda, les chefs d’État ont souvent utilisé le sport comme outil de réconciliation et de développement, investissant dans les infrastructures et encourageant les athlètes à porter haut les couleurs de leur pays.
Guy Marius Sagna reproche à Macky Sall d’avoir, selon lui, détourné des ressources destinées au sport pendant son mandat. Ces accusations, bien que graves, ne devraient pas occulter le fait que le soutien à l’équipe nationale est un acte citoyen, surtout lorsqu’il s’agit de célébrer une performance collective. Le député semble confondre deux registres : la gestion politique, qui doit être évaluée avec rigueur, et l’attachement légitime d’un citoyen à son équipe nationale.
Il est vrai que la gestion des finances publiques sous Macky Sall a fait l’objet de critiques, notamment de la part de la Cour des comptes, et que des questions restent posées sur la transparence de certaines dépenses. Cependant, réduire la réaction d’un ancien président à une simple manœuvre politique, c’est méconnaître la dimension émotionnelle et symbolique du sport. Les Lions, par leur parcours, incarnent l’excellence et la détermination sénégalaises. Leur succès est celui de tout un pays, et s’en réjouir ne saurait être interprété comme une provocation.
Premièrement, le sport est un espace de neutralité relative, où les divisions politiques s’estompent. Quand les Lions jouent, c’est le Sénégal entier qui est sur le terrain. Deuxièmement, les exemples abondent en Afrique de dirigeants qui, malgré des bilans controversés, ont su saluer les victoires sportives de leur nation. En Afrique du Sud, au Ghana ou en Algérie, les présidents et anciens présidents n’hésitent pas à soutenir publiquement leurs équipes, reconnaissant ainsi le pouvoir unificateur du football.
Troisièmement, les joueurs sénégalais, par leur engagement et leur talent, méritent d’être célébrés par tous, y compris par ceux qui ont occupé les plus hautes fonctions. Sadio Mané, Pape Matar Sarr et leurs coéquipiers sont des ambassadeurs du pays, bien au-delà des clivages. Leur victoire est un message d’espoir pour la jeunesse, un rappel que l’excellence est possible malgré les difficultés.
Enfin, la critique de Guy Marius Sagna, bien que compréhensible dans un contexte de tensions politiques, risque de polariser davantage un débat qui gagnerait à se recentrer sur l’essentiel : comment mieux soutenir le sport sénégalais, pour qu’il devienne un véritable levier de développement social et économique.
Ailleurs sur le continent, des figures politiques ont su faire du sport un outil de rassemblement. Au Rwanda, le président Paul Kagame a utilisé le football et le cyclisme pour promouvoir la réconciliation nationale et attirer des investissements. Au Maroc, le roi Mohammed VI a fait du sport un pilier de la diplomatie et du développement, avec des résultats tangibles. Ces exemples montrent qu’il est possible de concilier ambition politique et soutien au sport, sans que l’un n’annule l’autre.
La réaction de Macky Sall à la victoire des Lions n’est pas un acte de défiance, mais une expression de fierté nationale. Dans un pays où les défis sont immenses, ces moments de joie collective sont rares et précieux. Plutôt que de les instrumentaliser, gageons qu’ils puissent inspirer une nouvelle dynamique, où le sport serait enfin reconnu comme un vecteur de progrès et d’unité.
La « Coupe du monde contre le sous-développement » évoquée par Guy Marius Sagna est un objectif noble, mais elle ne se gagnera pas en opposant les Sénégalais entre eux. Elle se construira en unissant nos forces, en célébrant nos succès, et en travaillant ensemble pour un avenir meilleur. Macky Sall, comme tout Sénégalais, a le droit de jubiler pour nos Lions. Et c’est tant mieux.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Ba.
Mis en ligne : 14/09/2025
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