Nouvelle résolution, même impuissance : Assemblée générale de l’ONU - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - International | Par Eva | Publié le 17/09/2025 07:09:15

Nouvelle résolution, même impuissance : Assemblée générale de l’ONU

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L’Assemblée générale de l’ONU se prononce ce vendredi sur la « déclaration de New York », un texte préparé par la France et l’Arabie saoudite visant à relancer la solution à deux États entre Israéliens et Palestiniens, tout en excluant le Hamas. Si ce texte condamne les attaques du 7 octobre 2023 et appelle à la fin de la guerre à Gaza, il s’inscrit dans une longue tradition de résolutions onusiennes restées lettres mortes. Malgré les espoirs affichés, cette nouvelle initiative ne changera rien à la réalité du terrain. L’ONU, une fois de plus, se donne bonne conscience sans disposer des moyens d’agir efficacement.

Depuis 1947, l’ONU a adopté des dizaines de résolutions sur le conflit israélo-palestinien, exigeant le retrait israélien des territoires occupés, la fin de la colonisation, ou la création d’un État palestinien. Pourtant, Israël a systématiquement ignoré ces textes, protégé par le veto américain au Conseil de sécurité. Entre 1972 et 2022, les États-Unis ont opposé 44 fois leur veto à des résolutions condamnant Israël, bloquant toute mesure contraignante.

L’Assemblée générale, quant à elle, n’a qu’un pouvoir symbolique : ses résolutions, même adoptées à une large majorité, n’ont aucune force juridique. Ainsi, malgré des condamnations répétées, la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est s’est poursuivie, et Gaza reste sous blocus.

La « déclaration de New York » s’inscrit dans cette lignée. Elle condamne le Hamas, exige la libération des otages, et propose une « mission internationale temporaire de stabilisation » à Gaza. Mais comment une telle mission pourrait-elle être déployée sans l’accord d’Israël, qui a déjà rejeté toute présence internationale sur son territoire ou dans les territoires occupés ? Les exemples ne manquent pas : en 2006, une force de l’ONU au Liban a été déployée sous mandat international, mais son efficacité reste limitée par les restrictions imposées par Israël. Dans d’autres conflits, comme en Syrie ou en Ukraine, les missions de stabilisation ont souvent échoué face à l’opposition des parties belligérantes.

La déclaration de New York repose sur trois piliers fragiles.

La condamnation du Hamas : si elle permet à certains États de se distancier des accusations de complaisance envers le mouvement, elle ignore les causes profondes du conflit : l’occupation, la colonisation, et le désespoir palestinien.

L’appel à une solution à deux États : cette solution est pourtant rendue impossible par la politique israélienne. Le Premier ministre Netanyahu a clairement affirmé qu’il n’y aurait « pas d’État palestinien ». La colonisation en Cisjordanie et les projets d’annexion en cours rendent toute partition territoriale illusoire.

La mission internationale de stabilisation : une utopie. Israël a toujours refusé toute ingérence extérieure à Gaza ou en Cisjordanie. Sans mécanisme de contrainte, cette proposition reste une coquille vide.

Par ailleurs, la reconnaissance symbolique de l’État palestinien par quelques pays occidentaux, annoncée pour la semaine prochaine, ne changera rien. Sans territoire viable, sans souveraineté réelle, cette reconnaissance sera un geste diplomatique sans impact concret.

Le Conseil de sécurité, paralysé par le veto américain : les États-Unis bloquent toute résolution contraignante contre Israël. Même lorsque le Conseil de sécurité parvient à adopter un texte exigeant un cessez-le-feu à Gaza, Israël l’ignore, sans conséquence.

L’Assemblée générale, une chambre d’enregistrement : ses résolutions, même adoptées à une écrasante majorité, n’ont aucun pouvoir contraignant. En décembre 2022, l’Assemblée a exigé qu’Israël mette fin à sa présence illicite dans les territoires occupés sous 12 mois. Résultat : rien n’a changé.

Un deux poids, deux mesures flagrant : l’ONU condamne aujourd’hui le Hamas, mais où étaient ses résolutions contraignantes contre les violations israéliennes du droit international ces dernières décennies ? Les colonies, les destructions de maisons, les restrictions à Gaza ont été documentées et condamnées… sans suite.

L’absence de sanctions : contrairement à d’autres conflits, Israël ne fait l’objet d’aucune sanction économique ou diplomatique, malgré des rapports de l’ONU dénonçant des crimes de guerre et une occupation illégale.

Dans d’autres conflits, comme en Ukraine ou en Syrie, l’ONU a également montré ses limites. Mais au moins a-t-elle tenté d’imposer des sanctions ou des embargos. Dans le cas israélo-palestinien, même ces outils sont absents. La communauté internationale, divisée, se contente de déclarations. Pendant ce temps, la situation humanitaire à Gaza s’aggrave : famine, destructions massives, et un bilan humain catastrophique.

La « déclaration de New York » est une nouvelle illustration de l’impuissance onusienne. En se contentant de condamner le Hamas et d’appeler à une solution à deux États, sans proposer de mesures concrètes pour faire respecter le droit international, l’ONU se rend complice du statu quo. Tant que les grandes puissances, à commencer par les États-Unis, protégeront Israël de toute pression, aucune résolution ne changera la donne.

Il est temps d’exiger plus que des mots. Si l’ONU veut retrouver sa crédibilité, elle doit :

Imposer des sanctions contre les violations du droit international, qu’elles viennent du Hamas ou d’Israël.
Créer un mécanisme de suivi indépendant pour documenter et punir les crimes de guerre des deux côtés.
Conditionner l’aide et les relations diplomatiques au respect des résolutions onusiennes.

Sans cela, la déclaration de New York ne sera qu’un énième texte oublié, tandis que Palestiniens et Israéliens continueront de payer le prix de l’inaction internationale. La paix ne se décrétera pas par une résolution ; elle se construira par des actes. L’ONU doit enfin passer des mots aux actes.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Phillipe.
Mis en ligne : 17/09/2025

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