Le Qatar protégé, Gaza oubliée : Le vrai visage des dirigeants arabes - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - International | Par Eva | Publié le 19/09/2025 01:09:00

Le Qatar protégé, Gaza oubliée : Le vrai visage des dirigeants arabes

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Un sommet d’urgence se tient enfin à Doha. Les dirigeants arabes et musulmans, réunis sous l’égide de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), appellent à « revoir » leurs relations avec Israël après une frappe ciblée sur des responsables du Hamas au Qatar. L’émotion est palpable, les déclarations solennelles. Pourtant, cette mobilisation tardive et sélective interroge : pourquoi une telle réaction après une attaque sur un État du Golfe, alors que Gaza, bombardée depuis près de deux ans, n’a jamais suscité une telle unanimité ?

Derrière les discours, se cache une réalité crue : l’indignation des dirigeants arabes a un prix, et les vies palestiniennes à Gaza ne semblent pas en valoir le coût.

Depuis le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est le théâtre d’une guerre d’une violence inouïe. Plus de 60 000 Palestiniens ont été tués, dont 15 000 enfants, et près de 90 % de la population est déplacée, confrontée à la famine et à la destruction systématique de ses infrastructures. Les hôpitaux, les écoles, les camps de réfugiés ont été frappés à répétition, sans que les capitales arabes ne convoquent de sommet d’urgence ou n’envisagent de rupture diplomatique avec Israël. Pourtant, une seule frappe sur le Qatar, pays hôte du Hamas et allié stratégique des États-Unis, suffit à déclencher une réaction collective.

Les pays du Golfe, en première ligne pour condamner l’attaque sur Doha, sont les mêmes qui, depuis 2020, ont normalisé leurs relations avec Israël via les accords d’Abraham (Émirats arabes unis, Bahreïn, Maroc, Soudan). Ces accords, présentés comme une avancée vers la paix, ont en réalité légitimé l’impunité israélienne en échange de promesses économiques et sécuritaires. Pendant ce temps, Gaza brûlait.

L’attaque au Qatar a visé des dirigeants du Hamas, un mouvement que plusieurs pays arabes considèrent comme une menace en raison de ses liens avec les Frères musulmans. Pourtant, c’est bien le Qatar qui, malgré ses contradictions, a servi de médiateur dans les négociations pour un cessez-le-feu à Gaza. Les dirigeants arabes, eux, sont restés sourds aux appels à l’aide des Gazaouis, se contentant de déclarations creuses et de dons humanitaires symboliques.

Pourquoi un tel double standard ? La réponse tient en trois mots : intérêts, alliances, calculs. Le Qatar est un partenaire économique et géopolitique majeur, riche en gaz et en investissements. Gaza, en revanche, est un territoire pauvre, enclavé, sans ressources stratégiques. Les régimes arabes, qu’ils soient monarchies du Golfe ou républiques, ont privilégié leurs relations avec Israël et l’Occident à la défense des Palestiniens. Les sommets de la Ligue arabe et de l’OCI, depuis octobre 2023, n’ont abouti à aucune mesure concrète : ni embargo, ni rupture diplomatique, ni pression réelle sur Israël ou ses alliés.

L’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie et les Émirats ont même maintenu, voire renforcé, leurs liens avec Israël pendant la guerre, malgré les images insoutenables en provenance de Gaza. Leur réaction après l’attaque au Qatar relève davantage de la realpolitik que de la solidarité : il s’agit de protéger un allié (le Qatar) et de sauver la face devant des opinions publiques de plus en plus critiques.

Plus de 60 000 morts à Gaza, des villes rasées, une famine organisée, aucun sommet d’urgence. Une frappe sur Doha, cinq morts (dont un membre des forces qataries), réaction immédiate et unanime. Les pays ayant signé les accords d’Abraham (Émirats, Bahreïn, Maroc) continuent de coopérer avec Israël, tout en affichant un soutien verbal aux Palestiniens. Leur crédibilité est nulle.

La Ligue arabe et l’OCI, incapables d’agir ensemble depuis des décennies, se réveillent seulement quand un de leurs membres est directement menacé. Leur appel à « revoir » les relations avec Israël reste vague, sans calendrier ni sanction précise. Aucun corridor humanitaire sécurisé n’a été mis en place, aucune pression sur Israël pour lever le blocus, aucune initiative pour accueillir massivement les réfugiés. Les dirigeants arabes ont laissé Gaza seule face à la machine de guerre israélienne.

La mobilisation des dirigeants arabes après l’attaque au Qatar révèle leurs vraies priorités. Gaza, avec ses milliers de morts et ses enfants affamés, n’a jamais mérité leur colère. Leur réaction tardive et sélective est une insulte à la mémoire des victimes palestiniennes et une preuve de leur lâcheté politique.

Si les dirigeants arabes veulent vraiment défendre la cause palestinienne, qu’ils commencent par rompre leurs accords avec Israël, geler leurs échanges économiques, et exiger des comptes à la communauté internationale. Sinon, leurs sommets ne seront que du théâtre, et leur indignation, un mensonge de plus. Il est temps d’agir, ou de se taire. Les Palestiniens de Gaza, eux, n’ont plus le temps d’attendre.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdallah K.
Mis en ligne : 19/09/2025

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