Le gouvernement ne maîtrise plus rien : Tensions imminentes en France - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - International | Par Eva | Publié le 21/09/2025 01:09:00

Le gouvernement ne maîtrise plus rien : Tensions imminentes en France

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Le jeudi 18 septembre 2025, la France s’est réveillée sous le signe d’une mobilisation sociale d’une ampleur inédite depuis des années. Près de 800 000 personnes ont défilé à travers le pays, des écoles aux transports en passant par les hôpitaux, pour exprimer leur opposition aux mesures budgétaires proposées par le gouvernement de Sébastien Lecornu.

Cette journée, qualifiée de « noire » par les syndicats, s’inscrit dans un contexte de crise politique profonde, marquée par la chute du gouvernement François Bayrou et une Assemblée nationale en recomposition.

Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre après la démission de François Bayrou, se trouve dans une position délicate. Issu du même camp politique que ses prédécesseurs, il peine à convaincre une population exaspérée par des années de politiques d’austérité. Malgré des concessions symboliques, telles que l’abandon de la suppression de deux jours fériés, les syndicats restent fermes : « Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n’est enterrée ! »

Le déficit budgétaire abyssal de 114 % du PIB et la dette publique galopante semblent justifier, aux yeux du gouvernement, des coupes sévères dans les services publics. Cependant, cette approche technocratique ignore les réalités sociales et les aspirations d’une population qui se sent de plus en plus déconnectée de ses dirigeants.

Cette crise politique n’est pas qu’une simple opposition entre un gouvernement et des syndicats. Elle révèle une fracture profonde au sein de la démocratie française. Le recours systématique aux procédures d’urgence et aux décrets, court-circuitant le débat parlementaire, témoigne d’une dérive autoritaire inquiétante. La dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 et la succession rapide de Premiers ministres illustrent une instabilité institutionnelle qui fragilise la légitimité du pouvoir exécutif.

Les manifestations massives sont une réponse légitime à l’absence de représentation des citoyens. Lorsque les voies institutionnelles sont bouchées, la rue devient le dernier recours pour faire entendre sa voix. Les « actions coup de poing » et les blocages, bien que regrettables, sont le symptôme d’une démocratie malade, où les citoyens se sentent contraints d’agir ainsi pour être écoutés.

La montée en puissance du mouvement « Bloquons tout », né sur les réseaux sociaux, témoigne d’une radicalisation progressive du mécontentement populaire. Ce mouvement, qui a rassemblé des citoyens de tous horizons, exprime une défiance généralisée envers un système politique jugé corrompu et déconnecté. Les revendications vont au-delà des seules questions budgétaires : elles portent sur une refonte totale du modèle républicain, avec des appels à une nouvelle Constitution et à une sixième République.

Cette radicalisation est d’autant plus préoccupante que les réponses du gouvernement restent insuffisantes. Les promesses de « ruptures sur le fond » de Sébastien Lecornu n’ont pas été suivies d’actes concrets. Sans une véritable volonté politique de réformer en profondeur, la situation risque de se détériorer davantage, avec des conséquences potentiellement dramatiques pour la cohésion sociale.

La situation française n’est pas isolée. En Grèce, les plans d’austérité imposés par l’Union européenne ont provoqué des émeutes et une montée des extrêmes. Au Chili, l’augmentation du prix des transports a déclenché un mouvement social d’une ampleur inédite, aboutissant à une refonte complète de la Constitution. Dans les deux cas, c’est l’incapacité des gouvernements à écouter les citoyens qui a précipité la crise.

Pourtant, des alternatives existent. En Islande, après la crise financière de 2008, une assemblée citoyenne a été chargée de réécrire la Constitution. En Irlande, des conventions citoyennes ont permis de trouver des solutions à des sujets clivants comme l’avortement. Ces exemples montrent qu’il est possible de sortir des crises par le dialogue, plutôt que par la force.

La crise actuelle n’est pas seulement une bataille entre un gouvernement et des syndicats. Elle est le reflet d’une démocratie française en crise, où les citoyens se sentent de plus en plus éloignés de leurs institutions. Pour sortir de cette impasse, il est impératif de renouer le dialogue, de redonner du sens à l’engagement politique et de rétablir la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Sans cela, la France risque de s’enfoncer dans une spirale de mécontentement et de radicalisation dont il sera difficile de sortir.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Phillipe L.
Mis en ligne : 21/09/2025

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Jeep
Excelle article
Le 2025-09-21 13:35:19

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