Jusqu'où peut aller la fiction ? : Série « Baabel » pointée du doigt - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 23/09/2025 08:09:30

Jusqu'où peut aller la fiction ? : Série « Baabel » pointée du doigt

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La dernière séquence de la série sénégalaise « Baabel » a marqué les esprits pour les mauvaises raisons : une fillette, suspendue dans le vide au-dessus d’un balcon, a choqué le public et soulevé une question fondamentale. Peu importe les justifications avancées par la production, cette scène est inacceptable. Dès lors qu’il existe un risque réel de chute, cette pose est déraisonnable et met la vie de l’enfant en danger.

Cela n’était pas dans l’intérêt de l’enfant. Les autorités judiciaires et de protection de l’enfance doivent se saisir de l’affaire et convoquer l’ensemble des responsables à la Direction de l’Information et de la Communication (DIC).

La série « Baabel », produite par Marodi, est devenue un phénomène culturel au Sénégal, explorant les dynamiques familiales et sociales à travers plusieurs générations. Cependant, la recherche de l’impact dramatique ne saurait justifier la mise en danger d’un enfant. Selon le PDG de Marodi, Massamba Ndour, des précautions auraient été prises : préparation mentale de l’enfant, présence d’un parent sur le plateau, et encadrement par une équipe dédiée. Pourtant, ces mesures, aussi bien intentionnées soient-elles, ne suffisent pas à garantir la sécurité physique et psychologique d’un enfant placé dans une situation aussi extrême.

L’argument selon lequel l’enfant aurait été préparé mentalement et accompagné par ses parents ne tient pas face à l’évidence : un enfant, aussi bien encadré soit-il, ne peut consentir pleinement à une situation qui comporte un risque vital. La production invoque un « cadre réglementaire » et une « relation de confiance » avec l’enfant acteur, mais où sont les limites ? Où est la ligne rouge qui sépare la fiction de la négligence ? La présence d’un parent ou d’un coach ne change rien au fait qu’un enfant a été placé dans une position de danger réel, même pour quelques secondes. La scène rappelle les pires accidents de l’histoire du cinéma, où des enfants ont perdu la vie lors de tournages, comme en 1982 lors du tournage de « La Quatrième Dimension », où deux enfants et un acteur sont morts dans un accident d’hélicoptère. Ces drames ont conduit à des législations plus strictes dans de nombreux pays, mais visiblement, les leçons n’ont pas été tirées partout.

Aucune précaution ne peut éliminer totalement le risque de chute ou de traumatisme psychologique pour un enfant suspendu dans le vide. Les normes de sécurité doivent être absolues, surtout lorsqu’il s’agit de mineurs.

Un enfant ne peut comprendre pleinement les conséquences d’un tel acte. Même avec l’accord des parents, la responsabilité incombe aux adultes qui organisent et valident de telles scènes.

Au Sénégal, comme ailleurs, la protection des enfants est encadrée par des lois et des conventions internationales. L’UNICEF et d’autres organisations rappellent que les enfants sont particulièrement vulnérables et doivent être protégés de toute forme de violence ou de mise en danger, y compris sur les plateaux de tournage.

Les productions audiovisuelles ont un devoir d’exemplarité. En normalisant de telles pratiques, elles envoient un message dangereux à la société : que la fin justifie les moyens, même au prix de la sécurité d’un enfant.

Dans d’autres pays, des accidents similaires ont conduit à des poursuites judiciaires et à un durcissement des règles. Aux États-Unis, après la mort de deux enfants sur le tournage de « La Quatrième Dimension », le réalisateur a été inculpé pour homicide involontaire, et les normes de sécurité ont été renforcées. En France, toute scène mettant en danger un mineur est strictement encadrée, voire interdite. Pourquoi le Sénégal ferait-il exception ?

La scène de « Baabel » n’est pas seulement une question de goût ou de liberté artistique, mais bien une question d’éthique et de responsabilité. Les autorités sénégalaises, notamment la DIC et les services de protection de l’enfance, doivent intervenir pour rappeler que la sécurité des enfants n’est pas négociable. Les producteurs, réalisateurs et scénaristes doivent comprendre que leur créativité a des limites, et que ces limites sont définies par le respect de la dignité et de l’intégrité physique des plus vulnérables.

Le Sénégal doit se dote de règles claires et contraignantes pour encadrer le travail des enfants dans l’audiovisuel, et que chaque acteur du secteur assume pleinement ses responsabilités. La vie d’un enfant ne vaut pas une scène choc.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mor Sakho.
Mis en ligne : 23/09/2025

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