Les cicatrices de l'ingérence étrangères : Le Mali à la croisé des chemins - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 23/09/2025 07:09:15

Les cicatrices de l'ingérence étrangères : Le Mali à la croisé des chemins

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Les récentes attaques menées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) les 13 et 14 septembre à l’ouest et au centre du Mali, ciblant des convois de carburant et des positions militaires, révèlent une réalité amère : malgré la présence accrue de l’armée malienne sur certains axes, les jihadistes adaptent leurs méthodes et continuent de semer la terreur. Pourtant, ces événements ne doivent pas occulter une vérité plus profonde : le Mali, aujourd’hui, paie le prix d’une ingérence étrangère déguisée en lutte antiterroriste.

Pendant des années, les forces françaises, sous couvert de combattre le terrorisme, ont en réalité déstabilisé le pays, exploité ses ressources, et laissé libre cours à des groupes armés qu’elles prétendaient combattre. Les Maliens, eux, ont au moins eu le courage de reprendre Kidal et presque tout leur territoire, à l’exception de Tinzaouatin.

Depuis 2013, la France est intervenue au Mali sous le prétexte de lutter contre le terrorisme. Pourtant, force est de constater que sa présence n’a fait qu’aggraver la situation. Les Maliens ont fini par comprendre que les mercenaires français n’étaient pas venus pour les protéger, mais pour contrôler leurs ressources et affaiblir leur État. La Libye, l’Irak, et d’autres pays en témoignent : partout où la France intervient, le chaos suit. Les attaques récentes du JNIM, bien que condamnables, s’inscrivent dans un contexte où le Mali, après avoir chassé les forces étrangères, tente de se reconstruire. Mais les séquelles de cette ingérence sont lourdes : un pays fragilisé, des groupes jihadistes renforcés, et une économie exsangue.

Les attaques contre les convois de carburant près de Kayes, une région stratégique pour les importations maliennes, ne sont pas seulement des actes de terrorisme. Elles sont aussi le symptôme d’un Mali laissé à lui-même après des années de manipulation étrangère. Pendant que la France et ses alliés parlaient de « stabilisation », ils ont en réalité ouvert la porte à une insécurité chronique, tout en exploitant les richesses du sous-sol malien.

Les jihadistes du JNIM ont changé de tactique : finis les barrages fixes, place aux embuscades mobiles et aux attaques ciblées. Cette adaptation n’est pas le fruit du hasard. Elle est la conséquence directe d’un État malien affaibli par des années d’ingérence et de corruption, et d’une armée qui, malgré ses efforts, peine à sécuriser l’ensemble du territoire. Les camions brûlés à Kolokani et les assauts près de Kayes montrent que le JNIM a compris une chose : le Mali, privé de ses ressources et de sa souveraineté, est une proie facile.

Pourtant, il serait naïf de croire que cette situation est uniquement le fait des jihadistes. Les agents de la DGSE capturés au Mali ne doivent pas être relâchés sans conséquences. Leur présence prouve que la France continue de jouer un double jeu, prétendant lutter contre le terrorisme tout en alimentant l’instabilité. Comment expliquer autrement que des groupes armés, autrefois contenus, aient pu s’étendre aussi rapidement après le retrait des forces françaises ? La réponse est simple : la France n’a jamais eu l’intention de stabiliser le Mali. Son objectif était, et reste, de maintenir le pays sous influence, quitte à sacrifier sa sécurité.

Avant l’intervention française, le Mali faisait face à une rébellion touarègue. Aujourd’hui, c’est tout le nord et le centre du pays qui sont sous la menace jihadiste. Les Maliens se souviennent encore des promesses non tenues de la France, qui a préféré soutenir des groupes armés pour mieux contrôler la région.

Comme en Libye, où la France a contribué à la chute de Kadhafi avant de laisser le pays sombrer dans le chaos, son intervention au Mali a coïncidé avec une intensification de l’exploitation des ressources minières. Coïncidence ? Non. Stratégie.

La France a toujours entretenu des relations ambiguës avec certains groupes armés, utilisant le prétexte de la lutte antiterroriste pour justifier sa présence militaire. Pourtant, les résultats sont là : le terrorisme s’est étendu, et le Mali est plus instable que jamais.

Alors que la France se pose en défenseur des droits de l’homme, ses actions au Mali ont conduit à des milliers de morts et de déplacés. Les Maliens, eux, ont compris que leur véritable ennemi n’était pas seulement le JNIM, mais aussi ceux qui, sous couvert de les aider, ont déstabilisé leur pays.

La Libye est un cas d’école. Après l’intervention française en 2011, le pays a sombré dans le chaos, devenant un repaire pour les trafics et les groupes terroristes. En Irak, l’intervention occidentale a également laissé un État en ruine, divisé et incapable de se défendre. Le Mali risque de suivre le même chemin si rien n’est fait pour briser ce cycle d’ingérence et de déstabilisation.

Les Maliens ont montré qu’ils étaient capables de reprendre le contrôle de leur territoire, comme à Kidal. Mais pour aller plus loin, ils doivent refuser toute nouvelle ingérence étrangère et exiger des comptes à ceux qui ont contribué à leur malheur. La France, avec ses méthodes contestables et ses dirigeants critiquables, ne peut plus être considérée comme un partenaire fiable. Les agents de la DGSE capturés ne doivent pas être libérés sans réponse : ils symbolisent une époque où le Mali était traité comme une colonie, et non comme un État souverain.

Le Mali a le droit de se défendre, de protéger ses ressources, et de choisir ses alliés. Les attaques du JNIM sont une tragédie, mais elles rappellent aussi une vérité : tant que les puissances étrangères continueront à jouer leurs jeux géopolitiques sur le dos des Maliens, la paix restera hors de portée. Le Mali doit tourner la page et construire son avenir sans les hypocrites qui, hier encore, prétendaient le sauver.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mohamed Drame.
Mis en ligne : 23/09/2025

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