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Depuis le début du mois de septembre 2025, l’Équateur a perdu trois de ses footballeurs professionnels, abattus lors d’attaques armées. Jonathan González, Maicol Valencia et Leandro Yépez, tous évoluant en deuxième division, sont devenus les victimes collatérales d’une violence endémique liée au trafic de drogue et aux affrontements entre gangs.
Pourtant, malgré l’horreur de ces meurtres et leur symbole fort, des sportifs, figures d’espoir pour toute une jeunesse, fauchés en pleine carrière, la communauté internationale, les instances du football mondial et les médias hors d’Amérique latine semblent fermer les yeux. Ce silence est assourdissant. Il révèle une indifférence coupable face à une crise humanitaire qui dépasse largement les frontières équatoriennes.
L’Équateur, autrefois considéré comme une oasis de paix en Amérique du Sud, est aujourd’hui l’un des pays les plus violents au monde. Le taux d’homicides y a été multiplié par six en cinq ans, passant de 6 pour 100 000 habitants en 2018 à 38 en 2024, avec un pic à 47 en 2023. Cette explosion de la violence est directement liée à l’essor du narcotrafic : le pays est devenu une plaque tournante majeure pour l’exportation de cocaïne vers l’Europe et l’Amérique du Nord, attirant les cartels colombiens, mexicains et même les mafias des Balkans.
Les gangs locaux se disputent le contrôle des routes, des ports et des territoires, plongeant la population dans un climat de terreur permanente. Les footballeurs, en tant que figures publiques, sont désormais des cibles ou des victimes collatérales de cette guerre invisible.
Les trois meurtres de septembre 2025 ne sont pas des faits divers isolés. Ils s’inscrivent dans une spirale de violence qui touche désormais tous les pans de la société équatorienne. Pourtant, où sont les réactions de la FIFA, de l’UEFA, ou des stars du ballon mondial ? À ce jour, aucune déclaration forte, aucune mobilisation internationale n’a été enregistrée. Les instances du football, promptes à se saisir de causes médiatiques ou à sanctionner des comportements individuels, restent étrangement silencieuses face à ce drame collectif. Même les médias internationaux, qui couvrent abondamment les crises politiques ou les scandales sportifs en Europe, accordent peu d’espace à cette tragédie.
L’Europe et les États-Unis, principaux consommateurs de cocaïne, portent une responsabilité directe dans cette crise. La demande toujours croissante en drogue alimente les trafics et, par ricochet, la violence en Équateur et dans toute l’Amérique latine. Pourtant, les pays occidentaux préfèrent souvent externaliser le problème, en se contentant de renforcer les contrôles aux frontières ou de financer des opérations policières, sans s’attaquer aux causes profondes : la pauvreté, la corruption et l’impunité qui permettent aux cartels de prospérer.
Le mutisme des fédérations sportives est tout aussi révélateur. La FIFA, qui n’hésite pas à brandir des slogans contre le racisme ou la violence dans les stades, semble oublier que des joueurs meurent sous les balles en dehors des terrains. Où sont les campagnes #StopViolence pour l’Équateur ? Où sont les appels à la solidarité des clubs européens, qui recrutent pourtant des talents sud-américains ? Le football, sport universel, devrait être un levier pour alerter l’opinion publique et pousser à l’action. Pourtant, il se mure dans un silence complice.
En 2010, la grève des joueurs français lors de la Coupe du monde avait monopolisé l’espace médiatique pendant des semaines, reléguant au second plan d’autres enjeux bien plus graves. En 2024, l’invasion d’un plateau télé équatorien par des hommes armés avait fait la une des journaux… pendant 48 heures. Aujourd’hui, trois footballeurs assassinés en un mois peinent à trouver un écho hors du continent. Cette hiérarchie de l’indignation en dit long sur les priorités médiatiques et politiques.
L’assassinat de Jonathan González, Maicol Valencia et Leandro Yépez n’est pas une fatalité. C’est le résultat d’un système qui tolère, voire encourage, l’exploitation des pays les plus fragiles par le crime organisé. Il est temps que le monde ouvre les yeux : la violence en Équateur n’est pas un problème lointain, mais une conséquence directe de choix économiques et politiques globaux. Le football, avec son pouvoir de mobilisation, pourrait, devrait, jouer un rôle clé pour briser ce cycle. Mais pour cela, il faut d’abord cesser de détourner le regard.
La question est simple : combien de footballeurs, combien de vies innocentes devront encore tomber avant que l’on agisse ? Le silence actuel est une complicité. Il est temps de le rompre.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Virginie J.
Mis en ligne : 24/09/2025
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