Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Le Ballon d’Or 2025 a confirmé une réalité décevante : malgré les discours sur la solidarité africaine, les journalistes du continent n’ont pas su soutenir l’un de leurs meilleurs ambassadeurs, Achraf Hakimi. Le défenseur marocain, star du Paris Saint-Germain et champion d’Europe, n’a été placé en tête que par deux des 22 votants africains, finissant sixième du classement. Une incohérence qui interroge sur la crédibilité des appels à l’unité et sur les critères réels qui guident les choix des journalistes africains.
Chaque année, le Ballon d’Or est l’occasion pour les journalistes du monde entier de récompenser l’excellence footballistique. Pour les pays africains, ce vote est aussi une opportunité de mettre en avant leurs talents, de renforcer leur influence et de montrer une forme de cohésion continentale. Pourtant, en 2025, l’Afrique a une nouvelle fois manqué le coche.
Alors que Hakimi, auteur d’une saison exceptionnelle (11 buts, 16 passes décisives, titre de champion d’Europe avec le PSG et rôle clé en sélection marocaine), était l’un des favoris logiques, il a été largement devancé par Ousmane Dembélé et même par Mohamed Salah, pourtant moins performant sur le plan collectif et individuel cette saison.
Les chiffres sont sans appel : seuls le Maroc et le Gabon ont placé Hakimi en première position. Dans la plupart des autres pays africains, il a été relégué derrière Dembélé, Salah, ou même des joueurs moins influents. Par exemple, en Afrique du Sud, en Jordanie et au Bahreïn, c’est Salah qui a été plébiscité, malgré une saison moins aboutie que celle d’Hakimi. Pire, certains pays comme l’Angola ou le Cap-Vert ne l’ont même pas inclus dans leur top 10. Comment expliquer qu’un joueur reconnu comme le meilleur latéral droit du monde, auteur d’une saison historique, ne bénéficie pas d’un soutien massif de son propre continent ?
La réponse tient en partie à l’absence de stratégie collective. Contrairement à l’Amérique du Sud, où les votants ont souvent tendance à s’unir derrière leurs stars, ou à l’Europe, où les lobbies médiatiques pèsent lourd, l’Afrique vote de manière éclatée, guidée par des affinités personnelles, des rivalités régionales, ou des considérations extra-sportives. Résultat : les voix africaines se diluent, et leurs joueurs paient le prix fort.
Un manque de vision stratégique se dégage également : alors que d’autres continents savent mobiliser leurs votants pour maximiser les chances de leurs joueurs, l’Afrique semble incapable de dépasser ses divisions. En 2024, les journalistes africains avaient massivement voté pour Vinícius Jr., un Brésilien, plutôt que pour Rodri, le vainqueur final. Cette année, c’est Dembélé, un Français, qui a bénéficié de nombreuses premières places en Afrique, devant Hakimi et Salah. Une tendance qui montre que l’Afrique préfère souvent soutenir des stars étrangères plutôt que ses propres talents.
Le Ballon d’Or a historiquement favorisé les buteurs et les milieux offensifs. Pourtant, Hakimi, défenseur polyvalent et décisif, méritait une reconnaissance à la hauteur de ses performances. Son cas rappelle celui de Virgil van Dijk, souvent snobé malgré son statut de meilleur défenseur du monde. Mais là où l’Europe finit par reconnaître ses défenseurs, l’Afrique, elle, semble ignorer les siens.
Le Maroc, pays de Hakimi, n’a pas su fédérer autour de son joueur. Aucune campagne coordonnée, aucun plaidoyer médiatique fort. À l’inverse, Salah a pu compter sur le soutien des pays arabophones, prouvant que l’unité culturelle ou linguistique peut faire la différence.
Le Ballon d’Or 2025 restera comme un symbole des fractures africaines. Tant que les journalistes du continent voteront de manière dispersée, sans vision commune, leurs joueurs continueront d’être les grands perdants. L’Afrique a les talents, mais elle manque de stratégie et de fierté collective. Il faut que les fédérations, les médias et les votants africains comprennent une chose : l’unité n’est pas un vain mot. Elle se construit par des actes concrets, comme soutenir ceux qui portent haut les couleurs du continent. Sinon, l’Afrique restera éternellement le parent pauvre du football mondial, malgré son immense potentiel.
Aux journalistes africains : votre vote a un poids. Utilisez-le pour défendre vos champions, pas pour reproduire les biais d’un système qui marginalise déjà l’Afrique. À défaut, ne vous plaignez pas quand vos joueurs sont ignorés. La crédibilité se gagne aussi par la cohérence.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Demba Sall.
Mis en ligne : 01/10/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.




