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Khalifa Sall, un leader politique sénégalais au parcours impressionnant, se retrouve aujourd’hui isolé, victime de ses propres choix et de son incapacité à préparer la relève au sein de son mouvement. L’annonce récente de la démission de Babacar Mbengue, maire de Hann-Bel-Air et figure de Taxawu Sénégal, illustre une fois de plus l’échec cuisant de Khalifa Sall à fédérer et à transmettre le flambeau à une nouvelle génération. Cette rupture, qualifiée de « douloureuse » par Mbengue lui-même, survient après des années de compagnonnage politique et personnel, mais aussi après la perte de la mairie de Dakar, bastion historique de Sall, au profit d’Abass Fall (PASTEF) en août 2025.
Cette défaite, loin d’être anodine, révèle une faille majeure dans la stratégie de Khalifa Sall : son refus obstiné de faire confiance aux jeunes talents qui l’ont entouré, préférant s’accrocher à un leadership vieillissant et contesté.
Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, ministre et député, a longtemps incarné l’espoir d’une opposition forte et structurée. Pourtant, malgré son expérience et son charisme, il a systématiquement échoué à construire une succession pérenne. Son parcours, marqué par des succès mais aussi par des condamnations judiciaires et des divisions internes, montre un homme politique plus préoccupé par sa propre survie que par l’avenir de son mouvement. La défaite de Taxawu Sénégal à Dakar n’est pas seulement le résultat d’une stratégie adverse bien menée, mais aussi celui d’une gestion désastreuse des ressources humaines et d’une incapacité à renouveler les cadres. Les tensions internes, notamment avec Barthélémy Dias, ont affaibli le mouvement et ouvert la voie à la victoire du Pastef, un parti qui, lui, a su capitaliser sur la dynamique des jeunes et sur une vision renouvelée de la politique.
La démission de Babacar Mbengue n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une série de départs et de désaveux qui témoignent d’un malaise profond au sein de Taxawu Sénégal. Mbengue lui-même évoque un « désaccord personnel » avec Khalifa Sall, mais aussi un « recul » et une « fragilisation » du mouvement, incapables de s’adapter aux nouvelles réalités politiques. La perte de Dakar, ville symbole, est le signe d’un déclin annoncé, accéléré par l’incapacité de Sall à anticiper et à préparer ses troupes. Au lieu de former et de promouvoir les jeunes talents, il a préféré les écarter, créant ainsi un vide que ses adversaires ont su exploiter.
L’histoire politique africaine regorge d’exemples de leaders qui, en refusant de préparer leur succession, ont précipité le déclin de leurs partis. Au Sénégal comme ailleurs, la longévité au pouvoir ne rime pas toujours avec stabilité ou développement. Bien au contraire, elle peut devenir un frein à l’innovation et à la cohésion, comme le montrent les cas de leaders qui, en s’accrochant à leur poste, ont fini par isoler leurs mouvements et à les rendre obsolètes. Khalifa Sall, en ne donnant pas sa chance aux jeunes, a non seulement trahi leur confiance, mais il a aussi affaibli durablement son propre camp. La politique, surtout en Afrique, exige une relève générationnelle pour rester pertinente et crédible. En refusant cette logique, Sall a condamné Taxawu Sénégal à l’immobilisme et à l’isolement.
À l’inverse, des mouvements comme Pastef ont su miser sur la jeunesse et sur une approche plus inclusive, ce qui leur a permis de conquérir des positions clés, comme la mairie de Dakar. Cette victoire n’est pas seulement électorale : elle est symbolique, car elle montre que les Sénégalais aspirent à un renouveau, à une politique plus dynamique et moins sclérosée. Khalifa Sall, en restant prisonnier de ses vieilles méthodes, a raté cette opportunité et se retrouve aujourd’hui seul, avec un mouvement en lambeaux et une base désorientée.
Khalifa Sall restera dans l’histoire comme un grand nom de la politique sénégalaise, mais aussi comme un exemple de ce qu’il ne faut pas faire en matière de gestion de la relève. Son incapacité à préparer l’avenir de Taxawu Sénégal est une leçon pour tous les leaders : en politique, comme ailleurs, celui qui ne sait pas transmettre est condamné à disparaître. La démission de Babacar Mbengue est un signal fort, celui d’une génération qui refuse de rester dans l’ombre et qui exige sa place. Pour Khalifa Sall, il est peut-être déjà trop tard pour rattraper le temps perdu. Son héritage, autrefois prometteur, risque désormais de se résumer à une série de occasions manquées et de divisions stériles.
La politique est un sport d’équipe, et un leader qui ne sait pas passer le relais finit toujours par perdre la course. Dommage pour lui, dommage pour le Sénégal.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Diop.
Mis en ligne : 08/10/2025
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