L’élevage, un point faible de la prévention : La FVR gagne du terrain - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Santé | Par Eva | Publié le 11/10/2025 08:10:30

L’élevage, un point faible de la prévention : La FVR gagne du terrain

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La fièvre de la vallée du Rift (FVR) continue de se propager dans la région de Saint-Louis, avec 107 cas recensés et 13 décès à ce jour, selon les dernières données sanitaires. Si les autorités appellent à la vigilance, une question cruciale reste trop souvent éludée : pourquoi le lien entre cette maladie zoonotique et les pratiques d’élevage n’est-il pas pris au sérieux ? Malgré les alertes répétées, les mesures de contrôle vétérinaire et de prévention dans les marchés aux bestiaux restent insuffisantes, laissant la porte ouverte à une épidémie évitable.

La FVR est une maladie virale transmise de l’animal à l’homme, principalement par les moustiques ou par contact direct avec des animaux infectés. Au Sénégal, la région de Saint-Louis, zone d’élevage intense et de transhumance, est un terrain propice à sa propagation.

Pourtant, malgré les connaissances scientifiques et les expériences passées, les réponses structurelles font défaut. Les éleveurs, en première ligne, manquent de formation et de moyens pour identifier et signaler les cas suspects, tandis que les services vétérinaires peinent à déployer des contrôles systématiques dans les marchés et les corridors de transhumance.

Les chiffres sont alarmants : 11 morts et 78 cas confirmés en quelques semaines, avec une progression rapide dans une région où l’élevage est une activité économique majeure. Pourtant, les campagnes de vaccination animale, bien qu’annoncées, restent limitées par des contraintes logistiques et financières. Les ministères de l’Élevage et de la Santé, bien que mobilisés, agissent souvent en réaction plutôt qu’en anticipation. Les abattoirs et les points de vente de viande, où le risque de contamination est élevé, ne sont pas suffisamment surveillés. Le Dr Mathioro Fall, chef de la Division de la protection zoo-sanitaire, insiste sur l’importance de la cuisson de la viande et du contrôle vétérinaire avant abattage, mais ces consignes sont-elles vraiment appliquées sur le terrain ?

Les comparaisons avec d’autres pays africains sont édifiantes. En Kenya ou en Mauritanie, des systèmes de surveillance épidémiologique et des campagnes de vaccination préventive ont permis de limiter les épidémies. Au Sénégal, en revanche, la riposte reste fragmentée, avec des vaccins disponibles mais peu déployés, et des éleveurs laissés sans formation adéquate sur les risques zoonotiques.

Les marchés aux bestiaux, lieux de concentration animale, devraient être des zones prioritaires pour le dépistage et la vaccination. Or, les contrôles y sont sporadiques, et les animaux malades continuent de circuler, propageant le virus. Beaucoup d’éleveurs ignorent les gestes barrières, comme le port de gants, la cuisson de la viande ou le signalement des animaux malades.

Pourtant, la transmission se fait souvent par contact direct ou consommation de produits animaux crus. Malgré les annonces d’un plan multisectoriel, la collaboration entre les ministères de l’Élevage et de la Santé reste perfectible. Les campagnes de sensibilisation, bien que lancées, ne touchent pas assez les zones rurales, où les pratiques à risque persistent.

La fièvre de la vallée du Rift n’est pas une fatalité. Elle révèle, une fois de plus, les failles d’un système où l’élevage et la santé publique ne sont pas suffisamment intégrés. Pour briser la chaîne de transmission, il faut renforcer les contrôles vétérinaires, former les éleveurs et garantir une coordination efficace entre les acteurs. Sans cela, chaque épidémie sera une répétition des mêmes erreurs, avec des vies humaines et des moyens économiques en jeu. La balle est dans le camp des autorités : agir maintenant, ou subir demain.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Soda Maréme.
Mis en ligne : 11/10/2025

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