Un mal nécessaire pour sauver la Gambie ? : Retour de Yahya Jammeh - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 07/11/2025 01:11:00

Un mal nécessaire pour sauver la Gambie ? : Retour de Yahya Jammeh

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L’ancien président gambien Yahya Jammeh a récemment annoncé son intention de rentrer en Gambie en novembre 2025, suscitant à la fois l’enthousiasme de ses partisans et l’inquiétude de ses détracteurs. Ses supporters voient en lui l’espoir d’un renouveau politique et d’une participation aux élections de décembre 2026, tandis que le gouvernement actuel, dirigé par Adama Barrow, pourrait tenter de l’empêcher de revenir.

Dans ce contexte, il est légitime de se demander si, malgré un passé controversé, Jammeh ne représente pas aujourd’hui le seul espoir pour un pays en proie à une crise politique et économique profonde. Dans un système à bout de souffle et face à l’inefficacité des dirigeants actuels, son retour pourrait être un mal nécessaire pour éviter un effondrement total.

Depuis la chute de Jammeh en 2017, la Gambie a connu des avancées démocratiques indéniables, comme la liberté d’expression et la paix civile, mais le bilan économique et social reste mitigé. Le gouvernement de Barrow, initialement porteur d’espoir, a déçu : la corruption est endémique, le chômage des jeunes dépasse 40 %, et les infrastructures, bien que développées, ne suffisent pas à améliorer le quotidien des Gambiens. Pire, la dette publique reste élevée, et les inégalités se creusent. Dans ce contexte, le retour de Jammeh, malgré son héritage autoritaire, pourrait offrir une alternative à un système politique divisé et inefficace.

Contrairement à beaucoup de dirigeants africains, Jammeh ne fuit pas son passé. Son retour pourrait être l’occasion d’un dialogue national sur la vérité et la réconciliation, permettant de tourner la page des années de division. Son style autoritaire, souvent critiqué, a cependant permis, pendant 22 ans, de maintenir une certaine stabilité et de réaliser des projets d’infrastructures et de développement, même si ces réalisations ont été entachées par des violations des droits de l’homme. Aujourd’hui, face à un gouvernement Barrow accusé de mal gouvernance et d’immobilisme, Jammeh reste la seule figure capable de mobiliser une base populaire solide et de prendre des décisions fortes et rapides.

La Gambie a besoin de réformes audacieuses. Le pays, classé parmi les plus pauvres du monde, souffre d’un taux d’extrême pauvreté élevé et d’une économie fragile, dépendante du tourisme et des transferts de fonds. Jammeh, avec son expérience et son pragmatisme, pourrait débloquer des réformes là où d’autres ont tergiversé. Son retour, bien que risqué, pourrait relancer des secteurs clés et redonner confiance aux investisseurs, à condition qu’il s’engage à respecter les règles démocratiques et à travailler pour l’intérêt général.

Oui, son retour est dangereux. Mais que reste-t-il comme options ? L’immobilisme actuel est tout aussi risqué. Dans une région marquée par les coups d’État et l’instabilité, la Gambie a besoin d’un leader capable de rassembler et d’agir. Jammeh, malgré ses défauts, incarne cette capacité à mobiliser et à décider. Des exemples comme celui du Rwanda, où Paul Kagame a su concilier développement économique et stabilité politique malgré un bilan démocratique controversé, montrent qu’un leadership fort peut parfois être nécessaire pour éviter le chaos.

La Gambie est à la croisée des chemins. Le retour de Yahya Jammeh n’est pas une solution idéale, mais dans un contexte où les institutions sont faibles et les alternatives inexistantes, il pourrait être le seul moyen d’éviter l’effondrement. Plutôt que de le rejeter par principe, les Gambiens et la communauté internationale devraient exiger de lui des garanties : respect des droits de l’homme, engagement à organiser des élections libres, et participation à un processus de réconciliation nationale. Le pays mérite mieux que l’échec actuel. Parfois, il faut choisir entre le risque et la certitude de la stagnation. Le retour de Jammeh, encadré et responsable, pourrait être ce risque nécessaire pour sauver la Gambie.

La Gambie ne peut plus se permettre l’immobilisme. Il faut envisager toutes les options, y compris les plus controversées, pour éviter le pire.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Hawa Joop.
Mis en ligne : 07/11/2025

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