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Lundi dernier, vers 15 heures, un braquage à main armée a une nouvelle fois frappé l’axe Sira-Gabou, dans le département de Bakel. Six malfaiteurs encagoulés ont bloqué la route, tiré sur un véhicule, volé argent et téléphones, et blessé un motard qui tentait de résister. La gendarmerie, alertée, est arrivée trop tard : les criminels avaient déjà disparu. Cet incident n’est malheureusement pas un cas isolé.
Il révèle une réalité bien plus inquiétante : les routes rurales du Sénégal sont devenues des zones de non-droit, où l’insécurité prospère faute de surveillance et d’infrastructures adaptées. Derrière ce fait divers se cache un problème systémique : l’abandon des axes secondaires par les pouvoirs publics, laissant les usagers exposés à la violence et à l’arbitraire.
Les braquages et agressions sur les routes sénégalaises, surtout en zone rurale, se multiplient. En 2024 et 2025, les médias ont régulièrement rapporté des attaques similaires, souvent suivies de déclarations officielles et de promesses de renforcement sécuritaire. Pourtant, les résultats peinent à se concrétiser. Les routes comme celle de Sira-Gabou, peu éclairées, mal entretenues et rarement patrouillées, offrent un terrain idéal aux bandits. Les usagers, chauffeurs, motards, commerçants, paient le prix de cet abandon : vols, blessures, et parfois pire. Les États généraux des transports publics, tenus en octobre 2024 à Diamniadio, avaient pourtant souligné l’urgence d’agir. Mais les mesures annoncées tardent à se matérialiser, et les populations locales, lassées, réclament des actes, pas des mots.
Contrairement aux axes urbains ou aux autoroutes à péage, les routes rurales bénéficient d’une présence policière ou gendarme quasi inexistante. Les patrouilles sont rares, les postes de contrôle espacés, et les moyens techniques (caméras, drones) inexistants.
Des infrastructures délaissées, éclairage défectueux, absence de glissières de sécurité, routes dégradées… Ces conditions favorisent les embuscades et compliquent les interventions rapides.
Même alertée, la gendarmerie met souvent trop de temps à intervenir, permettant aux criminels de s’échapper. Les populations, livrées à elles-mêmes, n’ont d’autre choix que de contourner ces routes ou de s’organiser en comités de vigilance, solutions de dernier recours qui ne devraient pas être leur seule option.
Alors que le Sénégal peine à sécuriser ses routes rurales, d’autres pays africains ont mis en place des dispositifs efficaces. Au Maghreb, par exemple, des milliers de caméras surveillent les autoroutes, complétées par des patrouilles régulières et des clôtures pour empêcher les intrusions. En Côte d’Ivoire, la vidéo-verbalisation et les postes de contrôle mobiles intelligents ont réduit les délits routiers. Même au Bénin, des travaux d’urgence ont été lancés en 2025 pour réparer les infrastructures critiques et améliorer la sécurité des usagers. Ces exemples montrent qu’avec une volonté politique et des investissements ciblés, il est possible de protéger les citoyens.
La sécurité routière ne peut plus être une promesse électorale. Il est urgent de déployer des patrouilles mobiles sur les axes à risque, avec des moyens humains et techniques adaptés. Il faut installer des caméras et des systèmes d’alerte sur les routes rurales, comme cela se fait déjà au Maroc ou en Afrique du Sud. L’amélioration de l’éclairage et de l’état des routes est également indispensable, pour dissuader les criminels et faciliter les interventions. Enfin, une meilleure coordination entre la gendarmerie, les collectivités locales et les populations permettrait une surveillance collective et efficace.
Les usagers des routes rurales ne devraient pas avoir à choisir entre se déplacer et risquer leur vie. L’État doit assumer ses responsabilités : sécuriser ces axes, c’est protéger des milliers de Sénégalais et préserver l’économie locale. Chaque jour de retard est une victoire pour les bandits, et une défaite pour la confiance dans nos institutions.
Le braquage de Sira-Gabou n’est pas une fatalité, mais le symptôme d’un réseau routier rural abandonné. Face à l’inaction, la colère des populations est légitime. Il faut que les autorités passent des discours aux actes, avant que la peur ne devienne le seul compagnon de route des Sénégalais.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Diarra Bousso.
Mis en ligne : 07/11/2025
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