Crimes en direct, indifférence mondiale : Le Soudan sous la terreur - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 10/11/2025 07:11:15

Crimes en direct, indifférence mondiale : Le Soudan sous la terreur

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Depuis le 26 octobre 2025, la ville d’El-Fasher, au Soudan, est devenue le théâtre d’une horreur méthodique. Les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire, y commettent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, exhibant leurs exactions sur les réseaux sociaux comme un trophée macabre. Les vidéos d’exécutions sommaires, de pillages et de violences sexuelles, postées sans retenue sur TikTok, Telegram ou Facebook, ne suscitent qu’une indignation timide de la communauté internationale.

Pourtant, ces images ne sont pas seulement des preuves de leur cynisme : elles révèlent l’échec cuisant des mécanismes censés protéger les civils et punir les criminels. Face à cette impunité scandaleuse, une question s’impose : à quoi servent les tribunaux internationaux si des bourreaux peuvent se vanter publiquement de leurs crimes, sans craindre la moindre sanction ?

El-Fasher, capitale du Darfour-Nord, est tombée aux mains des FSR après un siège de dix-huit mois. Dès leur entrée, les paramilitaires ont transformé la ville en un champ d’expérimentation de la terreur. Des dizaines de vidéos, géolocalisées et authentifiées, montrent des combattants des FSR exécutant des civils, humiliant des membres du Croissant Rouge, et célébrant leurs massacres dans les rues. Le général Abou Loulou, l’un de leurs commandants, s’est même vanté sur TikTok d’avoir tué « 2 000 civils, et peut-être plus », ajoutant qu’il était prêt à recommencer. Ces images, loin d’être des actes isolés, s’inscrivent dans une stratégie délibérée : intimider, punir, et effacer toute résistance.

Le Soudan n’est pas un cas isolé. Dans d’autres conflits, comme en Syrie ou en Ukraine, les preuves numériques ont joué un rôle clé pour documenter les crimes et identifier les responsables. Pourtant, au Soudan, ces mêmes preuves circulent librement, sans que leurs auteurs ne tremblent. Pourquoi ? Parce que les FSR savent que les condamnations verbales de l’ONU ou de l’Union africaine ne seront suivies d’aucun acte concret. Les sanctions promises par certains États restent lettres mortes. Pire, certains pays sont accusés de soutenir financièrement et militairement les FSR, malgré les preuves de génocide au Darfour.

L’usage des réseaux sociaux par les FSR n’est pas anodin. En diffusant leurs crimes, ils envoient un message clair : personne ne les arrêtera. Cette impunité numérique est rendue possible par l’inaction des plateformes, qui tardent à supprimer ces contenus, et par le silence complice des États. Alors que des vidéos d’exécutions sont partagées en temps réel, ni TikTok ni Telegram n’ont fermé les comptes des FSR. Pourtant, ces plateformes agissent rapidement contre d’autres formes de violence ou de désinformation. Le deux poids, deux mesures est flagrant.

Plus grave encore, les mécanismes de justice internationale, déjà lents et inefficaces, semblent paralysés. La Cour pénale internationale (CPI) a ouvert des enquêtes sur le Soudan, mais aucun mandat d’arrêt n’a été émis contre les dirigeants des FSR pour les crimes commis à El-Fasher. Pourtant, les preuves sont accablantes : images satellite, témoignages de réfugiés et rapports d’ONG. Des accusations de « génocide » ont bien été formulées, mais sans suite concrète. Les gels d’avoirs et interdictions de voyage restent des vœux pieux.

La comparaison avec d’autres crises est édifiante. En Ukraine, les crimes de guerre russes ont suscité une mobilisation internationale immédiate, avec des sanctions ciblées et un soutien militaire à Kiev. Au Soudan, les civils sont abandonnés à leur sort. Les 26 000 personnes qui ont fui El-Fasher en une semaine, les 177 000 autres piégées dans la ville, et les volontaires humanitaires assassinés n’ont pas droit à la même indignation. Comme si les vies soudanaises valaient moins que les autres.

L’échec des tribunaux internationaux est flagrant : si des criminels de guerre peuvent se vanter de leurs actes sur les réseaux sociaux, c’est que les institutions chargées de les juger ont échoué. La CPI, créée pour mettre fin à l’impunité, est incapable d’agir rapidement. Les FSR, elles, agissent sans crainte, car elles savent que les procédures judiciaires prendront des années, si elles aboutissent un jour. Les réseaux sociaux, quant à eux, permettent aux FSR de diffuser leur propagande et leurs crimes. Pourtant, ces plateformes ont les moyens techniques de bloquer ces contenus et de bannir les comptes des groupes armés. Leur inaction fait d’elles des complices passifs.

L’hypocrisie des puissances régionales est tout aussi préoccupante : les pays voisins et les alliés des FSR continuent de les soutenir, malgré les preuves de leurs exactions. Leur silence est une trahison des valeurs qu’ils prétendent défendre. L’indifférence médiatique renforce ce constat : alors que des images de violences inondent les réseaux, les grands médias internationaux consacrent peu d’espace à El-Fasher. Sans couverture médiatique, pas de pression publique ; sans pression publique, pas d’action politique.

El-Fasher est un test pour la communauté internationale. Si elle tolère que des criminels de guerre se filment en train de massacrer des civils, sans réagir, elle envoie un message dangereux : l’impunité est la nouvelle norme. Il est urgent de briser ce cycle. Notre position est claire : il faut sanctionner immédiatement les dirigeants des FSR, geler leurs avoirs, et interdire l’accès aux réseaux sociaux à leurs comptes. Les plateformes numériques doivent assumer leur responsabilité et cesser de servir de caisse de résonance à la barbarie.

Les États-Unis, l’Union européenne et l’Union africaine doivent imposer des sanctions ciblées et soutenir la création d’un tribunal spécial pour le Soudan. Enfin, les médias doivent couvrir cette crise avec la même urgence que d’autres conflits. Le monde ne peut plus se contenter de regarder. À El-Fasher, ce ne sont pas seulement des vies qui sont en jeu, mais la crédibilité même de nos institutions et de nos valeurs. Si nous laissons les FSR agir en toute impunité, nous devenons tous complices. Agissons, avant qu’il ne soit trop tard.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Hassane R.
Mis en ligne : 10/11/2025

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