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L’annonce est tombée comme un coup de massue : Oumar Kane, alias « Reug Reug », champion du monde sénégalais de MMA, a été victime d’un grave accident de voiture à seulement dix jours de son combat revanche contre Anatoly Malykhin, prévu le 16 novembre 2025 à Tokyo. ONE Championship a confirmé le forfait du combattant, sans préciser la gravité de ses blessures, mais en reportant immédiatement l’affrontement tant attendu. Si l’émotion est palpable parmi les fans, cet incident soulève une question plus large et plus inquiétante : le MMA, déjà réputé pour ses dangers en compétition, expose-t-il aussi ses athlètes à des risques accrus dans leur vie quotidienne ?
Entre culture du dépassement de soi, pression médiatique et absence de régulation adéquate, les combattants de MMA semblent condamnés à vivre dans un état de vulnérabilité permanente.
Le MMA est souvent présenté comme le sport de combat ultime, exigeant une préparation physique et mentale extrême. Les athlètes comme Reug Reug, symbole de résilience et de succès, incarnent cette quête permanente de performance. Pourtant, cette culture du dépassement a un prix. Les combattants sont habitués à repousser leurs limites, à ignorer la fatigue, à accepter la douleur comme une norme. Cette mentalité, nécessaire pour exceller dans la cage, peut se révéler dangereuse hors des compétitions. Les excès de vitesse, les prises de risque, les comportements à la limite de l’inconscience deviennent presque banals pour des hommes et des femmes conditionnés à vivre dans l’adrénaline.
Reug Reug, après sa victoire historique contre Malykhin en novembre 2024, était sous une pression médiatique et sportive immense. La revanche contre le Russe, triple champion de ONE Championship, était présentée comme « le combat du siècle », un affrontement chargé de symboles et d’enjeux financiers colossaux. Dans un tel contexte, le stress, l’anxiété et la recherche de performance peuvent altérer le jugement, poussant les athlètes à adopter des comportements risqués, même dans leur vie privée.
L’accident de Reug Reug n’est pas un cas isolé. Les combattants de MMA sont constamment sous tension : pression des organisateurs, attentes des fans, enjeux financiers, et surtout, la peur de l’échec. Cette pression est d’autant plus forte que le MMA reste un sport jeune, où la carrière peut s’arrêter du jour au lendemain. Contrairement à d’autres disciplines, comme le football ou le tennis, le MMA manque cruellement de structures d’accompagnement psychologique et médical en dehors des compétitions. En France, par exemple, la réglementation impose des certificats médicaux stricts avant les combats, mais le suivi post-compétition ou en période de préparation reste insuffisant.
Les études montrent que les combattants de MMA sont particulièrement exposés aux troubles de santé mentale : anxiété, dépression, syndrome post-traumatique. Pourtant, peu d’organisations intègrent un suivi psychologique systématique, et les tabous autour de ces questions persistent. Les athlètes, souvent issus de milieux modestes, n’ont pas toujours accès à des ressources pour gérer ce stress. Résultat : ils reportent leur agressivité, leur besoin de contrôle et leur prise de risque dans leur vie quotidienne, avec des conséquences parfois dramatiques.
Le MMA valorise la prise de risque, la résistance à la douleur, et la capacité à encaissez les coups. Cette mentalité, essentielle pour gagner, peut se retourner contre les combattants hors du ring. Les excès de vitesse, les accidents de la route, ou même les addictions sont des risques accrus pour des individus habitués à vivre à 200 à l’heure.
Reug Reug, en tant que premier champion africain de ONE Championship, portait sur ses épaules les espoirs d’un continent entier. La médiatisation excessive de son combat contre Malykhin, présenté comme une « revanche du siècle », a sans doute ajouté une pression supplémentaire. Dans un environnement où chaque défaite peut signifier la fin d’une carrière, les combattants sont prêts à tout pour rester au sommet, y compris à négliger leur sécurité.
Contrairement à des sports comme la boxe ou le rugby, le MMA ne bénéficie pas toujours de protocoles stricts de santé mentale et de sécurité en dehors des compétitions. Les fédérations et organisations comme ONE Championship ou l’UFC se concentrent sur la sécurité pendant les combats, mais peu sur le bien-être global des athlètes. Pourtant, des modèles existent : en Californie, un fonds de pension et des allocations santé ont été mis en place pour les combattants, mais ces initiatives restent rares.
Dans des disciplines comme le football ou le cyclisme, les athlètes bénéficient d’un encadrement médical et psychologique continu. Les fédérations imposent des périodes de repos, des bilans de santé réguliers, et des cellules de soutien. En MMA, ces dispositifs sont encore balbutiants. Même en France, où la pratique est désormais légalisée et encadrée, le suivi post-carrière ou en période de préparation reste insuffisant. Les combattants sont souvent livrés à eux-mêmes, sans filet de sécurité.
L’accident de Reug Reug doit servir d’électrochoc. Le MMA ne peut plus se contenter de protéger ses athlètes pendant les combats. Il est urgent de mettre en place des protocoles de santé mentale, des accompagnements psychologiques, et des programmes de prévention des risques hors compétition. Les organisations comme ONE Championship, l’UFC ou les fédérations nationales doivent prendre leurs responsabilités : la santé des combattants ne peut plus être sacrifiée sur l’autel du spectacle.
Le MMA est un sport magnifique, qui demande un courage et une abnégation rares. Mais il faut reconnaître que ses athlètes sont aussi des êtres humains, vulnérables et exposés à des dangers bien au-delà de la cage. Sans une prise de conscience collective, des drames comme celui de Reug Reug risquent de se répéter. La question n’est plus de savoir si le MMA est dangereux, mais comment le rendre plus sûr pour les combattants, d’abord, et pour le public qui les admire.
Et si le vrai combat des combattants de MMA n’était pas dans la cage, mais bien en dehors ? Celui pour leur santé, leur équilibre, et leur droit à une carrière sans sacrifices inutiles.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ousmane Ndao.
Mis en ligne : 19/11/2025
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