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L’actualité judiciaire américaine vient de nous offrir un nouveau chapitre de l’interminable saga des cartels mexicains. Joaquin Guzman Lopez, fils du célèbre baron de la drogue El Chapo, a plaidé coupable devant un tribunal de Chicago pour trafic de drogue et participation à une entreprise criminelle. En échange de sa collaboration avec la justice, il échappera à la prison à vie et à la peine de mort, pour une peine réduite à dix ans minimum.
Si cette décision peut sembler une victoire pour la lutte antidrogue, elle révèle en réalité une impunité choquante : malgré des crimes atroces meurtres, enlèvements, trafic de fentanyl responsable de dizaines de milliers de morts aux États-Unis les membres des cartels continuent de bénéficier de traitements de faveur. Cette affaire pose une question fondamentale : la justice américaine est-elle vraiment à la hauteur de la menace que représentent les cartels, ou se contente-t-elle de victoires symboliques, laissant impunis les véritables responsables de la crise humanitaire en cours ?
Le cartel de Sinaloa, cofondé par El Chapo et Ismael « El Mayo » Zambada, est l’une des organisations criminelles les plus puissantes au monde. Ses activités trafic de cocaïne, de fentanyl, corruption, meurtres ont plongé le Mexique dans une spirale de violence. Depuis l’arrestation de Zambada et de Guzman Lopez en juillet 2024, les affrontements entre factions rivales ont causé plus de 1 200 morts et 1 400 disparus au Mexique. Le fentanyl, produit et exporté massivement par le cartel, a provoqué une crise sanitaire sans précédent aux États-Unis, avec plus de 70 000 morts par overdose en 2023 et un bilan total dépassant le million de victimes depuis l’an 2000. Pourtant, malgré ces chiffres effarants, les chefs des cartels négocient des peines réduites en échange d’informations souvent limitées, tandis que leurs réseaux continuent de prospérer.
L’accord de plaider-coupable conclu par Joaquin Guzman Lopez est révélateur d’un système judiciaire américain qui privilégie les arrangements aux sanctions exemplaires. Les procureurs ont renoncé à demander la peine de mort, une décision qui contraste avec la sévérité affichée contre les trafiquants de moindre envergure. Cette clémence s’inscrit dans une logique de « collaboration » qui, dans les faits, permet aux hauts responsables des cartels de conserver une influence depuis l’intérieur des prisons, voire de s’échapper, comme l’a fait El Chino Ántrax en 2020. Pire, ces accords ne remettent pas en cause la structure même des cartels : les frères Guzman toujours en fuite poursuivent leurs activités, et la violence au Mexique ne faiblit pas.
La corruption et l’impunité sont au cœur de ce système. Les cartels mexicains soudoyent massivement les autorités des deux côtés de la frontière, comme l’ont confirmé plusieurs témoignages lors du procès d’El Chapo. Aux États-Unis, les peines réduites pour les « repentis » de haut niveau contrastent avec les condamnations lourdes infligées aux petits dealers ou aux paysans mexicains. Cette impunité relative est d’autant plus choquante que les cartels sont responsables de crimes contre l’humanité : meurtres de masse, tortures, et trafic de drogues mortelles.
Cette situation n’est pas isolée. En Amérique latine, l’impunité des cartels est une constante, comme le montre l’exemple colombien des années 1990, où les chefs des cartels de Medellín et de Cali ont bénéficié de réductions de peine en échange d’informations, sans que cela ne mette fin à la violence. Au Mexique, l’histoire se répète : malgré des arrestations spectaculaires, les cartels se réorganisent, profitant de la complicité de fonctionnaires corrompus et de la faiblesse des institutions. Même les extraditions vers les États-Unis, souvent présentées comme une solution, sont limitées par des traités interdisant la peine de mort une garantie qui protège les trafiquants les plus dangereux.
Le fentanyl du cartel de Sinaloa tue plus d’Américains chaque année que les accidents de la route ou les armes à feu. Pourtant, ses dirigeants négocient des peines dérisoires.
Les petits trafiquants écopent de peines lourdes, tandis que les chefs des cartels bénéficient de réductions en échange d’informations souvent déjà connues des autorités.
La corruption gangrène les systèmes judiciaires et policiers des deux côtés de la frontière, permettant aux cartels de continuer leurs activités en toute impunité.
Les arrestations spectaculaires ne font que déplacer le problème, sans jamais démanteler les réseaux. Le cartel de Sinaloa, par exemple, continue de générer des milliards de dollars de profits annuels.
La clémence accordée à Joaquin Guzman Lopez est un symbole de l’échec de la guerre contre les cartels. Tant que les hauts responsables bénéficieront d’immunité de fait, la violence et le trafic continueront. Il est temps de repenser la stratégie : plutôt que de se contenter d’arrestations médiatisées, il faut s’attaquer aux racines du problème la demande américaine en drogues, la corruption, et l’impunité systémique. Sans cela, les cartels resteront plus forts que la justice, et les victimes, toujours plus nombreuses, paieront le prix de cette impunité.
Quand la justice cessera-t-elle de fermer les yeux sur les crimes des cartels ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 19/12/2025
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