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Le verdict rendu par la Chambre criminelle de Dakar dans l’affaire Serigne Assane Mbacké et ses co-accusés soulève des inquiétudes profondes. Cinq ans de prison ferme pour des crimes aussi graves que la corruption de mineurs et la traite à des fins sexuelles semblent dérisoires face à l’ampleur de l’exploitation sexuelle des jeunes dans notre société. Ce jugement, loin d’être un acte de justice, constitue un précédent alarmant qui pourrait affaiblir la lutte contre ces fléaux.
Serigne Assane Mbacké, figure emblématique du maraboutisme au Sénégal, a été reconnu coupable, mais le jugement prononcé semble minimiser la gravité des actes reprochés. Les accusations portées contre lui et ses complices, incluant la traite de mineurs, font écho à une réalité troublante : celle d’une jeunesse vulnérable, souvent laissée pour compte. La présumée victime, O. Diouf, n’était qu’une adolescente de 16 ans au moment des faits, et sa demande de 50 millions de F CFA en dommages et intérêts témoigne de l’impact dévastateur de cette affaire sur sa vie.
La décision de la cour a suscité des réactions mitigées. Alors que certains y voient une avancée dans la justice, d’autres soulignent que la peine infligée est largement insuffisante. Le ministère public avait requis dix ans de réclusion, une demande qui aurait été plus en adéquation avec la gravité des crimes. L’acquittement des accusés pour le chef de « viol » semble, à première vue, incompréhensible. Ce jugement envoie un message troublant : l’exploitation sexuelle des mineurs peut parfois être sanctionnée de manière bien trop légère. Cette situation rappelle d’autres affaires à travers le monde où la justice a failli à protéger les plus vulnérables, laissant la porte ouverte à la récidive.
La lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs nécessite des sanctions exemplaires. Des études montrent que des peines plus sévères dissuadent les criminels potentiels et protègent les victimes. En comparaison, des pays qui ont renforcé leur législation contre ces crimes, comme la Suède, affichent des résultats positifs dans la protection des enfants. En revanche, au Sénégal, cette décision pourrait créer un précédent où les agresseurs se sentent encouragés à poursuivre leurs actes, sachant que la justice pourrait être clémente.
Le verdict de cette affaire ne fait pas que condamner des individus ; il fragilise tout un système censé protéger les jeunes. En accordant une peine aussi légère, le tribunal semble ignorer le traumatisme durable que subissent les victimes. Cela constitue un message désastreux pour les jeunes et leurs familles, qui peuvent désormais douter de l’engagement de la justice à les protéger contre de tels abus. Dans un pays où la tradition et l’autorité des marabouts sont souvent respectées, ce jugement pourrait renforcer la culture de l’impunité, rendant la lutte contre l’exploitation sexuelle encore plus ardue.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon des rapports récents, l’exploitation sexuelle des mineurs est en hausse au Sénégal, avec des milliers de cas non signalés chaque année. La législation actuelle, bien qu’existante, souffre d’une application laxiste et d’un manque de soutien aux victimes. Les organisations de défense des droits de l’homme soulignent que des peines plus sévères sont indispensables pour véritablement lutter contre ce fléau. En parallèle, des campagnes de sensibilisation sont nécessaires pour changer les mentalités et protéger les enfants.
Le verdict prononcé dans l’affaire Serigne Assane Mbacké est une déception qui risque d’avoir des répercussions durables sur la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs au Sénégal. En minimisant la gravité des actes, la justice envoie un signal dangereux, celui que les agresseurs peuvent agir en toute impunité. Il est impératif de repenser notre approche et de garantir que chaque victime soit protégée, chaque agresseur sanctionné, afin de bâtir un avenir où les droits des enfants sont respectés et défendus.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Tapha Gueye.
Mis en ligne : 19/12/2025
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