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Au Sénégal, la césarienne est souvent perçue comme un échec personnel, une stigmatisation qui pèse lourdement sur les mères. Ce jugement social, enraciné dans des croyances culturelles, transforme un acte médical salvateur en un symbole de honte. Les témoignages de femmes telles que Mame Diarra Diop et Fanta Diao illustrent cette réalité tragique, où la nécessité d’une intervention chirurgicale se heurte à des attentes sociétales dévastatrices. Cette perception négative nuit non seulement à la santé mentale des mères, mais engendre également des conséquences dramatiques pour leur bien-être et celui de leurs enfants.
La césarienne est un acte médical qui vise à sauver des vies, en réduisant la mortalité maternelle et infantile. Pourtant, dans de nombreuses cultures, y compris au Sénégal, elle est souvent perçue comme un signe de faiblesse. Les femmes sont jugées sur leur capacité à accoucher par voie basse, un critère qui devient un marqueur d’identité et de légitimité sociale. Cette hiérarchisation des modes d’accouchement crée un climat de pression qui pousse certaines femmes à prendre des risques inacceptables pour éviter la césarienne, même lorsque leur santé ou celle de leur bébé est en danger.
Les témoignages de femmes comme Fanta Diao, qui a refusé une césarienne malgré des complications médicales, révèlent l’ampleur de cette stigmatisation. Fanta, malgré un état de santé précaire, a choisi de consulter un guérisseur traditionnel plutôt que d’écouter les conseils médicaux. Cette attitude, alimentée par la peur d’être stigmatisée, a conduit à des conséquences tragiques, notamment la perte de son bébé. Ce refus de la césarienne, perçue comme un déshonneur, démontre comment les normes culturelles peuvent gravement compromettre la santé des femmes et de leurs enfants.
Des études montrent que l’angoisse liée à la césarienne peut entraîner des troubles psychologiques chez les mères. En effet, des femmes se sentent coupables ou comme des échecs lorsqu’elles doivent recourir à cette intervention. Ce phénomène est aggravé par des croyances selon lesquelles la douleur de l’accouchement par voie basse est une condition sine qua non de la maternité. Le Dr Abibou Ndiaye, gynécologue obstétricien, souligne que cette perception erronée pousse certaines patientes à prendre des décisions dangereuses, comme retarder les soins médicaux. Les conséquences peuvent être dramatiques, allant jusqu’à des hémorragies massives ou des décès maternels.
La représentation de la césarienne comme un échec personnel est profondément ancrée dans la culture sénégalaise. Les femmes sont souvent jugées sur leur capacité à accoucher naturellement, ce qui crée un climat de honte et de culpabilité. Les conséquences de cette stigmatisation ne se limitent pas à la santé physique; elles affectent également la santé mentale des mères, qui se sentent souvent isolées et incomprises. Les mouvements féministes et les organisations de santé tentent de déconstruire ces mythes, mais la route reste semée d’embûches.
Des recherches montrent que les femmes qui accouchent par césarienne sont souvent confrontées à des taux plus élevés de dépression post-partum. Une étude menée au Sénégal révèle que près de 30 % des femmes ayant subi une césarienne déclarent des symptômes dépressifs, contre seulement 15 % pour celles ayant accouché par voie basse. Ce chiffre alarmant souligne l’impact psychologique de la stigmatisation associée à la césarienne. Par ailleurs, les mythes entourant la césarienne, tels que la croyance selon laquelle elle diminuerait les compétences maternelles, continuent de circuler, exacerbant la pression sur les femmes.
La perception de la césarienne comme un échec personnel a des répercussions profondes sur la santé mentale des mères au Sénégal. Cette stigmatisation, enracinée dans des croyances culturelles, conduit à des choix médicaux dangereux et à des conséquences tragiques. Il est impératif de continuer à sensibiliser la population et à déconstruire ces mythes pour garantir que chaque femme puisse accoucher en toute sécurité, sans crainte de jugement. La santé des mères et des enfants en dépend.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Fanta Sylla.
Mis en ligne : 28/12/2025
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