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Une plainte pour complicité de génocide a été déposée contre la Banque de France, l’accusant d’avoir facilité l’armement des forces génocidaires au Rwanda. Ce dossier, révélé par le journal Libération, soulève des questions préoccupantes sur la responsabilité de la banque centrale française dans des événements tragiques ayant conduit à la mort de plus de 800 000 personnes en 1994. Les accusations portent sur des virements effectués alors qu’un embargo sur les ventes d’armes était en vigueur, mettant en lumière un potentiel manquement aux obligations de contrôle.
Le génocide des Tutsi au Rwanda, qui a eu lieu entre avril et juillet 1994, est l’un des épisodes les plus tragiques du XXe siècle. Les forces génocidaires, principalement composées de membres de l’ethnie hutu, ont orchestré un massacre systématique des Tutsi, soutenus par un gouvernement intérimaire. En réponse à cette crise, l’ONU avait instauré un embargo sur les armes le 17 mai 1994, dans le but de limiter la violence. Dans ce contexte, la Banque de France est accusée d’avoir effectué des virements vers la Banque nationale du Rwanda, ce qui soulève des interrogations sur son rôle dans la tragédie.
Les plaignants, représentés par le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), affirment que la Banque de France a validé sept transferts totalisant 3,17 millions de francs, soit environ 486 000 euros, entre mai et août 1994. Ces opérations auraient permis à la Banque nationale du Rwanda de financer l’achat d’armes et de matériel de communication, essentiel pour les forces génocidaires. Un paiement de 435 000 francs à la société française Alcatel, destiné à l’acquisition de téléphones satellites, est particulièrement cité comme un exemple de ce soutien indirect.
Les avocats du CPCR, Matilda Ferey et Joseph Breham, soulignent que le génocide n’a pas été uniquement le fait de ceux qui ont perpétré les meurtres, mais aussi de ceux, en position de pouvoir, qui ont facilité ces atrocités par leurs décisions administratives. Cette vision met en lumière le rôle des institutions financières dans des événements tragiques, où la bureaucratie peut parfois se détacher des conséquences humaines de ses actions.
La Banque de France, contactée à propos de ces accusations, a déclaré n’avoir pu effectuer que des « recherches sommaires » en raison du délai « particulièrement court » depuis le dépôt de la plainte. Elle a ajouté n’avoir trouvé aucune trace des virements évoqués, justifiant cela par la destruction des documents comptables après un délai de dix ans. Cependant, cette explication soulève des préoccupations quant à la transparence et à la responsabilité de la banque dans des affaires aussi graves.
Le fait que la Banque de France ait continué à effectuer des virements en pleine période de génocide, alors qu’un embargo était en place, pose la question de son engagement envers les principes éthiques et humanitaires. Comparativement, d’autres institutions financières ont été plus proactives dans le gel des actifs liés à des régimes controversés, soulignant un manque de diligence de la part de la Banque de France dans ce cas précis.
Les accusations portées contre la Banque de France mettent en évidence une possible ignorance de ses responsabilités face à des allégations aussi graves. En ne gelant pas les comptes de la Banque nationale du Rwanda, la Banque de France aurait potentiellement facilité l’accès à des fonds destinés à l’armement des forces impliquées dans le génocide. Ce manquement à ses obligations de contrôle soulève des questions éthiques sur la manière dont les institutions financières gèrent leurs relations avec des entités gouvernementales impliquées dans des violations des droits de l’homme.
Les documents consultés dans le cadre de la plainte montrent que ces virements ont eu lieu à un moment où les forces génocidaires intensifiaient leur campagne de violence. Les témoignages recueillis indiquent que le matériel de communication, tel que les téléphones satellites, était crucial pour coordonner les opérations militaires. En outre, le génocide a été caractérisé par une planification minutieuse et un soutien logistique, suggérant que les ressources financières ont joué un rôle clé dans la mise en œuvre de ces atrocités.
Les accusations portées contre la Banque de France révèlent un aspect troublant de la complicité institutionnelle dans le cadre du génocide des Tutsi. En tant qu’institution financière, la Banque de France a la responsabilité de veiller à ce que ses actions ne contribuent pas à des violations des droits de l’homme. Les faits présentés montrent que la banque semble ignorer ses responsabilités face à des accusations graves de complicité de génocide, ce qui appelle à une réflexion sur la nécessité d’une plus grande transparence et responsabilité dans le secteur financier.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Yasmina T.
Mis en ligne : 28/12/2025
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