Sénégal-France : La réciprocité, un masque pour une soumission ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 31/12/2025 12:12:00

Sénégal-France : La réciprocité, un masque pour une soumission ?

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L’affaire Madiambal Diagne soulève des interrogations brûlantes sur la véritable nature des relations judiciaires entre le Sénégal et la France. Le récent communiqué du Ministère de la Justice, en réponse aux propos de l’Ambassadrice de France, Christine Fages, ne fait qu’éclairer une réalité troublante : derrière le vernis de la coopération judiciaire se cache une soumission insidieuse à l’autorité française. Ce discours sur la réciprocité, loin d’être une affirmation de souveraineté, apparaît comme une tentative maladroite de masquer une dépendance qui ne dit pas son nom.

Le contexte de cette affaire est particulièrement complexe. Madiambal Diagne, un homme d’affaires sénégalais, est visé par des accusations de corruption et de détournement de fonds. Alors que la France réclame son extradition, l’ambassadrice a semblé minimiser la gravité des faits, suscitant une réaction immédiate du gouvernement sénégalais. Les autorités, dans leur réponse, insistent sur l’importance de la coopération judiciaire, mais cette insistance soulève des questions sur les véritables motivations derrière cette démarche.

L’argument de la réciprocité, brandi par le Ministère de la Justice, vise à affirmer une certaine égalité dans les échanges judiciaires. Pourtant, cette notion semble être un écran de fumée. En effet, la France, en tant que puissance coloniale historique, exerce encore une influence disproportionnée sur les affaires judiciaires sénégalaises. Les autorités françaises, en demandant des informations déjà fournies, semblent jouer sur un tableau où le Sénégal est contraint de se plier à ses exigences, tout en prétendant qu’il s’agit d’un échange équilibré.

Les faits parlent d’eux-mêmes. La France, en tant que puissance coloniale, a toujours eu un rôle prépondérant dans les affaires africaines, et le Sénégal ne fait pas exception. La demande d’informations supplémentaires sur Madiambal Diagne, alors que le dossier est déjà bien avancé, ne peut être interprétée que comme une volonté de maintenir cette mainmise. De plus, l’attitude de l’Ambassadrice, qui relativise des accusations graves, n’est rien d’autre qu’un affront à la dignité et à la souveraineté du Sénégal. Comme l’a souligné un observateur, cette position pourrait être perçue comme un jugement de valeur regrettable, dévalorisant les efforts du Sénégal pour lutter contre la corruption.

L’argument de la réciprocité judiciaire, en apparence séduisant, est en réalité une façade qui dissimule une soumission à la France. En se prévalant de la coopération judiciaire, le Sénégal semble vouloir se donner une image de partenaire égal, alors que les dynamiques de pouvoir restent profondément inégales. Cette situation rappelle les rapports entre le colonisateur et le colonisé, où l’un impose ses règles et l’autre se conforme, souvent contre son gré. La réciprocité, dans ce cadre, devient un prétexte pour justifier une dépendance qui ne dit pas son nom.

Des études montrent que les relations entre la France et ses anciennes colonies sont souvent teintées de néocolonialisme, où les intérêts français prédominent. Les chiffres parlent : en 2020, la France a été le premier partenaire commercial du Sénégal, mais cette relation est marquée par des déséquilibres notables. Le Sénégal, en acceptant de jouer le jeu de la réciprocité, risque de compromettre ses propres intérêts nationaux au profit d’une puissance qui n’hésite pas à faire pression pour préserver ses privilèges.

L’affaire Madiambal Diagne met en lumière une réalité troublante : derrière le discours sur la coopération et la réciprocité se cache une soumission à la France. Le Sénégal, en cherchant à affirmer son indépendance, doit être vigilant face à ces manœuvres qui pourraient compromettre sa souveraineté. La lutte contre la corruption et pour la bonne gouvernance ne doit pas être un prétexte pour renforcer des liens de dépendance qui ne profitent qu’à l’ancien colonisateur. La question demeure : jusqu’où le Sénégal sera-t-il prêt à aller pour maintenir une façade d’égalité dans une relation où l’inégalité est criante ?

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Papy Dia.
Mis en ligne : 31/12/2025

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