Article opinion écrit par la contributrice : Diarra Fall.
A l’époque j’avais 17 ans avec un teint de métis hérité de ma mère mauritanienne, ce qui faisait que je ne passais jamais inaperçue. A cet âge, j’ai finis par intégrer un « dahira », dont le marabout me plaisait comme à beaucoup de jeunes.
Un jour, le « diawrigne » proposa que je fasse partie de la délégation qui devait aller rencontrer du mara, pour lui remettre nos contributions financières. J’étais aux anges. Sur place, je sentis le regard et l’attention particuliers qu’il avait pour moi. Avant de nous libérer, après avoir prié pour nous, le chambellan demanda de…
…lui laisser nos numéros de téléphones. C’est le mien qui l’intéressait. Le lendemain, je fus appelée par un de ses lieutenants qui me fit savoir que le mara voulait me voir et que je devais prendre un taxi qu’il payera.
Mais ce jour-là, la maison du guide était déserte. Le chambellan m’introduit dans une pièce isolée dès mon arrivée. Quelques minutes après, le mara m’y retrouva dans une tenue très légère. Il prit des nouvelles de ma famille et me fit remarquer qu’il connaissait mon grand-père. D’ailleurs se mit à plaisanter en disant qu’il sait que je serais une de ses « Sokhna ».
C’était le début d’une liaison avec le marabout. Il était séduisant, il me remit 25.000 FCfa avec une invitation le lendemain. Le jour du rendez-vous dans sa maison, encore vide, je finis par l’amener au 7ème ciel. J’avais franchi le pas depuis longtemps. Par la suite, j’étais son amante qui le retrouvait une fois par semaine.
Je continuais de penser qu’il allait m’épouser, comme il ne cessait de me le promettre avant nos ébats. Mais, un jour où nous devions l’accompagner en campagne électorale pour soutenir son candidat, j’appris qu’il avait pris une épouse moins d’une semaine auparavant dans la localité où devait avoir lieu la manifestation.
J’étais assommée et enragée. Mais il ne me donna pas l’occasion de lui parler. Un mois après, je me suis résolue à l’évidence, j’étais tombée enceinte. Informé, il ne chercha plus à me retrouver.
A mon septième mois de grossesse, je profitais d’une Ziarra pour tenter de le rencontrer et lui parler. Mais à la vue de mon ventre bedonnant, il préféra se retirer pour recevoir ceux qu’il voulait. Je savais que si je tentais de le dénoncer, ce serait au prix de ma vie.
A sa naissance, je lui ai donné le nom de son père à l’état civil, au grand dam de tous, d’autant plus que j’ai refusé de donner l’identité de mon mara. Mon entourage a fini par s’en accommoder. Il m’arrive parfois l’idée de livrer publiquement mon secret. Mais, à la final, je me retiens, me consolant à l’idée qu’un jour le mara fera quelque chose pour notre enfant.
Article opinion écrit par la contributrice : Diarra Fall
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