« Les perspectives macroéconomiques pour le reste de l’année 2024 restent difficiles. » La croissance du PIB réel est désormais projetée à 6,0 %, une révision à la baisse par rapport à la prévision de 7,1 % de juin 2024, déclare l’institution financière dans un communiqué publié à la fin du séjour à Dakar de quelques-uns de ses fonctionnaires.
« La croissance du secteur non-hydrocarbures devrait ralentir à 3,3 %, contre une projection antérieure de 4,8 % », ajoute le FMI, concernant les raisons pour lesquelles il dit s’attendre maintenant à une croissance moins élevée que celle prévue en juin pour la fin de l’année.
Ses fonctionnaires affirment que l’inflation globale devrait atteindre en moyenne 1,5 % en glissement annuel.
Le déficit du compte courant devrait se réduire à 12,7 % du PIB, en raison du démarrage de la production d’hydrocarbures dans un contexte de performance modérée des exportations non-hydrocarbures, signale la mission du Fonds monétaire international.
Elle a relevé une « absence de mesures budgétaires supplémentaires », à cause de laquelle « le déficit devrait dépasser 7,5 % du PIB, bien au-delà des 3,9 % prévus dans le budget initial ».
Au Sénégal, le FMI constate une baisse des recettes et une augmentation des dépenses en subventions énergétiques et en paiements d’intérêts. « Par conséquent, la dette de l’administration centrale devrait rester supérieure au critère de convergence de l’UEMOA fixé à 70 % ».
« En l’absence de mesures supplémentaires, atteindre l’objectif de déficit de l’UEMOA à 3 % du PIB en 2025 prendrait plus de temps que prévu initialement », préviennent les fonctionnaires du Fonds monétaire international.
« Dans ce contexte, ajoutent-ils, les autorités [sénégalaises] sont encouragées à mettre en œuvre des mesures fortes, notamment la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées et coûteuses ».
Cette mesure devrait faciliter « un retour rapide à l’objectif de déficit budgétaire et placer la dette publique sur une trajectoire résolument décroissante ».
« En outre, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour traiter l’accumulation d’impayés envers les entreprises privées, en particulier dans les secteurs de la construction et de l’énergie. » Un inventaire de ces passifs devrait être réalisé et un plan d’apurement, avec un calendrier crédible et transparent, devrait être mis en place pour garantir une résolution dans des délais raisonnables, conseille l’institution financière aux pouvoirs publics sénégalais.
Elle estime que « des efforts supplémentaires sont également nécessaires pour faire avancer le programme de réformes structurelles, notamment la révision de la formule de tarification des produits pétroliers, l’avancement du diagnostic des coûts de production de l’électricité et l’amélioration de la viabilité financière de la Société nationale d’électricité ».
« S’agissant du secteur financier, le personnel du FMI se félicite des progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’ensemble des mesures recommandées […] pour faciliter la sortie du pays de la liste grise », lit-on dans le communiqué.
Il affirme que « les autorités [sénégalaises] ont réaffirmé leur engagement en faveur des réformes qui sous-tendent le programme appuyé par le FMI ».
Le gouvernement sénégalais a « également renouvelé [son] engagement pour la transparence, la bonne gouvernance et la responsabilité publique », en plus d’avoir assuré aux fonctionnaires du FMI qu’un « audit général des finances publiques est en cours de finalisation ».
Les membres de la mission du Fonds monétaire international disent avoir eu des « discussions franches et constructives » avec les autorités du pays qu’ils ont rencontrées, dont le Premier ministre, Ousmane Sonko, le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, et leur collègue Cheikh Diba, chargé des Finances et du Budget.
Article écrit par : Amadou Baldé
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