Article opinion écrit par le créateur de contenu : Enseignant.
Les daara, écoles coraniques traditionnelles du Sénégal, occupent une place essentielle dans le paysage éducatif et culturel du pays. Historiquement, ces institutions sont les gardiennes de l’apprentissage de l’Islam, enseignant principalement le Coran aux jeunes garçons, appelés talibés.
Si elles ont longtemps incarné un pilier de la transmission des valeurs religieuses et morales, la situation des daara soulève aujourd’hui des défis complexes, notamment en ce qui concerne les droits des enfants, les conditions de vie des élèves et l’intégration dans le système éducatif national.
Les daara ont une longue tradition au Sénégal, remontant à plusieurs siècles. Elles ont joué un rôle crucial dans l’islamisation de la région et la transmission de la foi musulmane aux nouvelles générations. En plus de l’apprentissage du Coran, les daara ont historiquement offert une éducation morale fondée sur des valeurs telles que la discipline, l’humilité et la solidarité.
Dans les zones rurales, notamment, les daara ont longtemps été l’un des rares moyens d’accès à l’éducation. À travers ces écoles, de nombreux enfants ont acquis des compétences de base en lecture et en écriture, tout en étant formés spirituellement. Les daara continuent ainsi de renforcer le lien entre les communautés sénégalaises et leur patrimoine islamique.
Cependant, depuis quelques décennies, la situation des daara, notamment en milieu urbain, fait l’objet de vives critiques, notamment en raison des conditions de vie des talibés. Dans de nombreuses villes sénégalaises, il n’est pas rare de voir des jeunes talibés mendier dans les rues. Cette pratique, bien que souvent justifiée par le besoin de subvenir aux besoins des écoles coraniques, a engendré de nombreux abus.
Les talibés, parfois envoyés par leurs familles dans des daara éloignées, sont souvent confrontés à des conditions de vie précaires. Ils dorment dans des environnements insalubres, manquent de soins médicaux appropriés et reçoivent une éducation limitée. Des rapports d’ONG et d’organisations de défense des droits des enfants ont dénoncé l’exploitation de ces enfants, soulignant que la mendicité forcée, la maltraitance et la négligence sont des réalités auxquelles ils sont fréquemment exposés.
Conscient des défis auxquels les daara font face, le gouvernement sénégalais, avec l’appui de partenaires internationaux, a lancé plusieurs initiatives pour améliorer la situation. Parmi ces réformes, on note l’intégration des daara dans le système éducatif national. L’objectif est de moderniser ces écoles tout en respectant leur spécificité religieuse. Ainsi, certains daara ont commencé à inclure dans leur programme des matières telles que les mathématiques, le français et les sciences, en parallèle de l’enseignement coranique.
En 2013, le Sénégal a lancé un programme de modernisation des daara, visant à offrir aux talibés une éducation complète tout en les protégeant de la mendicité. Ce programme comprend la formation des enseignants coraniques, l’amélioration des infrastructures et l’offre de subventions pour les daara respectant les normes imposées par l’État.
Malgré ces efforts, la modernisation des daara reste un processus lent et complexe. Certaines écoles coraniques, notamment dans les zones rurales, résistent à cette intégration par crainte de perdre leur indépendance ou par méfiance envers l’État. D’autre part, la précarité économique de nombreuses familles pousse encore des parents à envoyer leurs enfants dans des daara, où la mendicité reste une pratique courante.
Le dialogue entre les autorités religieuses, les associations communautaires et le Gouvernement est essentiel pour trouver des solutions durables. Il s’agit de préserver l’héritage spirituel des daara tout en garantissant des conditions de vie et d’apprentissage dignes pour les jeunes talibés.
Les daara au Sénégal demeurent une composante importante de la société sénégalaise, représentant à la fois une tradition religieuse précieuse et un défi contemporain en matière de droits des enfants et d’éducation. Si des réformes sont en cours pour moderniser ces écoles, il est crucial de continuer à travailler à l’amélioration des conditions de vie des talibés et à l’intégration de ces écoles dans un cadre éducatif plus inclusif et respectueux des droits humains. La survie et l’évolution des daara dépendent de la capacité du Sénégal à concilier tradition et modernité, tout en plaçant le bien-être des enfants au cœur de cette transition.
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