Le Sénégal face à un dilemme : Suspension de l'accord de pêche - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Economie | Par Hélène Ngom | Publié le 19/11/2024 04:11:20

Le Sénégal face à un dilemme : Suspension de l'accord de pêche

Le 17 novembre 2024 marquera la fin d’un chapitre important de la coopération entre le Sénégal et l’Union Européenne (UE) en matière de pêche. Le protocole de mise en œuvre de l’accord de pêche, signé il y a cinq ans, n’a pas été reconduit. Cette décision de l’UE fait suite à une série de défaillances notées dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN).

En effet, la Commission européenne, dans une démarche de tolérance zéro, a qualifié le Sénégal de « pays non-coopérant » concernant la gestion de la pêche illégale.

L’Union européenne a justifié sa décision de suspendre la reconduction de l’accord de pêche en raison des « défaillances constatées dans la lutte contre la pêche INN ». Selon l’UE, bien que des échanges aient eu lieu entre les autorités sénégalaises et européennes, les mesures adoptées par le Sénégal n’ont pas été jugées suffisantes pour contrer efficacement cette pratique destructrice. La pêche illicite constitue un fléau mondial, et dans le cas du Sénégal, elle compromet non seulement les ressources maritimes, mais aussi l’économie de millions de Sénégalais qui dépendent de la pêche artisanale.

La pêche INN représente une concurrence déloyale pour les pêcheurs locaux, qui se retrouvent souvent privés de leurs moyens de subsistance face aux pratiques non réglementées. Par ailleurs, l’absence de contrôle sur la pêche illégale engendre des conséquences environnementales graves, menaçant la durabilité des stocks halieutiques de la région. L’UE, en suspendant ce protocole, envoie donc un message clair : elle n’acceptera pas de laisser perdurer une situation qui nuise à la fois à l’économie et à la préservation de l’environnement.

Ce n’est pas la première fois que l’accord de pêche entre le Sénégal et l’UE fait face à une telle situation. En 2006, un précédent protocole avait été suspendu pour permettre une révision de ses termes. Après plusieurs années de discussions, un nouvel accord avait été signé en 2014, avec des engagements révisés de part et d’autre. Ces négociations avaient permis de redéfinir les conditions de coopération, tout en apportant un certain équilibre entre les exigences européennes et les besoins du Sénégal. Cependant, malgré ces précédents, l’UE semble aujourd’hui avoir perdu patience face à ce qu’elle considère comme une inertie dans la gestion de la pêche illicite.

Le non-renouvellement de cet accord aura des conséquences directes sur les relations commerciales et politiques entre le Sénégal et l’UE. D’un côté, les navires européens devront quitter les eaux sénégalaises, privant le pays de l’accès aux fonds financiers provenant des contributions européennes. De l’autre, le Sénégal se retrouvera face à un défi majeur : redéfinir sa politique de gestion de la pêche tout en conciliant les exigences internationales et les réalités locales.

Le Sénégal devra intensifier ses efforts pour endiguer la pêche illégale, en renforçant les capacités de surveillance en mer, en collaborant avec les autres nations riveraines et en mettant en place des mécanismes plus stricts de gestion des ressources halieutiques. Par ailleurs, des efforts accrus seront nécessaires pour améliorer la traçabilité des produits de la pêche et la transparence dans les activités liées au secteur.

Malgré la suspension de l’accord, la coopération entre le Sénégal et l’UE dans le domaine de la pêche n’est pas complètement terminée. L’UE a annoncé qu’elle maintiendrait un dialogue avec Dakar pour trouver des solutions durables à la pêche INN. Cependant, ces discussions ne pourront aboutir qu’à condition que le Sénégal adopte des mesures plus rigoureuses et concrètes dans ce domaine. De même, le Sénégal devra travailler à diversifier ses partenariats internationaux pour éviter de dépendre exclusivement de l’UE.

L’avenir de la pêche entre le Sénégal et l’UE reste incertain, mais cette situation peut aussi être perçue comme une opportunité pour réinventer les relations entre les deux parties. En renforçant ses politiques de contrôle de la pêche et en mettant en place des pratiques durables, le Sénégal pourrait non seulement répondre aux attentes de l’UE, mais aussi garantir un avenir plus stable pour ses communautés de pêcheurs.

Dans cette optique, les autorités sénégalaises devront faire preuve de détermination pour redresser la situation et remettre la coopération avec l’UE sur une trajectoire positive. Mais pour ce faire, la priorité devra être accordée à la gestion responsable des ressources maritimes et à la lutte sans relâche contre la pêche illégale.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : A.S
Mis en ligne : 19/11/2024

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Blohon
🎣🎣🎣
Le 2024-11-20 20:33:52
Khaya
Le contrat est finit
Le 2024-11-19 22:39:39
Ahmadou
Ok
Le 2024-11-19 21:56:12
yoro
la sortie précipitée de l'UE était une stratégie de masquer la honte
Le 2024-11-19 16:57:14
Amara
Il n y a pas de suspension, le contrat est arrivé à terme depuis la semaine dernière
Le 2024-11-19 16:35:19

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Le contrat est finit
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Ahmadou
Ok
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yoro
la sortie précipitée de l'UE était une stratégie de masquer la honte
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