Elon Musk, en charge de réorganiser le gouvernement fédéral pour Donald Trump, a annoncé hier la fermeture imminente de l’USAID, l’agence humanitaire américaine responsable de la gestion de milliards de dollars d’aide dans le monde, notamment en Afrique. Un coup de tonnerre qui plonge cette institution dans une situation incertaine et qui soulève d’ores et déjà des inquiétudes concernant l’avenir de l’assistance humanitaire, en particulier pour les pays en développement.
Dès hier, l’agence a connu un sérieux revers, avec son site principal mis hors ligne et les comptes de messagerie de milliers de ses employés désactivés. Cette évolution intervient dans un contexte de rumeurs persistantes sur la suppression pure et simple de l’USAID, ainsi que des réductions importantes de l’aide étrangère américaine, rapportent les observateurs du Burkina Faso. « Les craintes étaient légitimes », confie aujourd’hui à Ouagadougou. « Nous sommes dans une situation critique, et la question du soutien aux pays en développement est plus que jamais posée. »
L’attaque contre l’USAID a débuté dimanche, selon Le Monde Afrique, lorsque Donald Trump a qualifié l’agence de « bande de fous extrémistes » et a annoncé son intention de la dissoudre. Il a évoqué l’idée de la placer sous le contrôle du Département d’État, un scénario encore non confirmé. De son côté, Elon Musk, via sa plateforme X, a multiplié les attaques virulentes contre l’USAID, l’accusant de financer des recherches sur les armes biologiques, y compris celles liées au Covid-19, sans fournir de preuves. Des accusations rapidement rejetées par l’administration Biden, qui y voit des éléments de désinformation orchestrés par la Russie.
Cette annonce marque un coup dur pour l’Afrique, souligne Tunisie Numérique, qui rappelle que l’USAID est le principal pourvoyeur d’aide humanitaire mondiale, distribuant chaque année 42,8 milliards de dollars, en grande partie pour l’humanitaire et le développement. « C’est un arrêt brutal, qui rappelle l’inhumanité de l’attaque de Musk contre les employés de Twitter », écrit le site tunisien, désignant la fermeture de l’agence comme un « acte violent » vis-à-vis des pays dépendants de cette aide.
Dans le même temps, un autre bras de fer se profile, cette fois avec l’Afrique du Sud, où Trump a exprimé son indignation après l’adoption d’une loi visant à redistribuer les terres. En dénonçant cette réforme agraire comme une « confiscation » des terres appartenant à des Blancs, Trump menace de suspendre l’aide américaine à Pretoria, un coup dur pour le pays, qui dépend de l’aide étrangère, notamment via l’USAID. Le site Jeune Afrique s’interroge sur l’opportunisme de Trump et ses liens avec Elon Musk, originaire d’Afrique du Sud, suggérant que cette position pourrait masquer des sentiments racistes et un manque de soutien aux efforts de correction des inégalités historiques.
La presse sud-africaine adopte une approche plus mesurée. Selon le site IOL, le gouvernement sud-africain va entamer des discussions avec les États-Unis pour clarifier la politique de réforme agraire et apaiser les tensions. Mais en attendant, les déclarations de Trump ont déjà eu des répercussions économiques, provoquant une chute du rand face au dollar, rapporte The Citizen. Un milliard de dollars d’aide par an, dont la moitié provient des États-Unis, risque donc de disparaître.
Dans un contexte où la politique étrangère de Trump semble remettre en question les fondements de l’aide humanitaire américaine, l’incertitude règne sur l’avenir de l’USAID et sur les relations entre les États-Unis et certains de leurs alliés africains.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 04/02/2025
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