L’évolution des manifestations estudiantines à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) reflète une dérive inquiétante. Autrefois, les grèves se limitaient à des affrontements entre étudiants et forces de l’ordre. Aujourd’hui, un changement de ton est observable : les étudiants s’en prennent désormais physiquement au personnel universitaire. Ce phénomène, qui frappe le personnel du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD), est non seulement préoccupant, mais aussi alarmant pour la communauté académique. En tant qu’ex-étudiant, je trouve cette situation intolérable et destructrice pour l’image de notre université, qui devrait rester un lieu d’éducation et de respect mutuel.
Les grèves à la fac ont toujours été un moyen pour les étudiants d’exprimer leur mécontentement face à des injustices ou des conditions de travail difficiles. Cependant, la violence physique contre le personnel du COUD représente un nouveau palier dans l’escalade de l’intolérance. Il est inimaginable que ceux qui se battent pour leurs droits, les étudiants, se retrouvent à agresser ceux qui travaillent pour eux. Les agents du COUD, qu’il s’agisse des serveurs, des bibliothécaires ou des agents d’entretien, sont essentiels à notre quotidien universitaire. Leur rôle ne doit pas être réduit à une cible facile lors de chaque manifestation.
L’intersyndicale des travailleurs du COUD a d’ailleurs souligné l’impact négatif de ces actes de violence sur la qualité du service public universitaire. Chaque grève qui perturbe le fonctionnement normal du COUD a des répercussions directes sur les étudiants : accès limité aux salles de travail, impossibilité de se restaurer correctement, ou encore retard dans la distribution des bourses. Ces actes de violence sont donc contre-productifs, car ils affectent en priorité les étudiants eux-mêmes. Cela démontre un manque de perspective chez certains de leurs camarades, qui ne réalisent pas qu’en perturbant le travail des agents, ils pénalisent ceux qu’ils cherchent pourtant à défendre.
La violence, quelle qu’en soit la forme, est inacceptable dans un milieu d’enseignement supérieur. Notre université devrait être un modèle de dialogue et de négociation pacifique, où les revendications sont exprimées de manière constructive. Si nous souhaitons réellement faire avancer nos causes, il nous faut adopter des méthodes plus responsables et respectueuses. La violence ne résout rien, bien au contraire, elle dégrade notre image et freine toute avancée. En tant qu’ex-étudiant, je suis convaincu que nous pouvons obtenir ce que nous voulons sans avoir recours à la force.
Il est urgent de rétablir une relation de respect mutuel entre les étudiants et le personnel universitaire. L’intersyndicale du COUD a raison de demander la protection de ses agents, mais nous, étudiants, avons aussi une part de responsabilité dans cette situation. Il est temps de nous rappeler que l’université est un espace d’apprentissage et de coopération, et non de violence. Nous devons nous engager à préserver cet environnement, à défendre nos droits sans pour autant empiéter sur les droits des autres. Si nous voulons vraiment que nos voix soient entendues, il est primordial de le faire dans un cadre pacifique et respectueux.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Jacques Ndour.
Mis en ligne : 08/02/2025
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