C’est une page historique qui s’ouvre pour la Société africaine de raffinage (SAR). Pour la première fois depuis sa création en 1961, la raffinerie de Mbao s’apprête à traiter du pétrole extrait sur le sol sénégalais. La SAR a reçu, le 5 février 2025, sa toute première cargaison de brut en provenance du gisement offshore de Sangomar, marquant un tournant décisif dans l’industrie des hydrocarbures du pays.
Jusqu’ici, le brut sénégalais était systématiquement exporté, obligeant le pays à importer des hydrocarbures raffinés pour répondre aux besoins du marché national et sous-régional, notamment le Mali. Avec cette première cargaison de 647 426 barils, la SAR enclenche sa transition vers un raffinage local du pétrole.
Prévu initialement pour septembre 2024, le traitement du brut de Sangomar avait été reporté à juillet 2025 pour permettre les adaptations nécessaires des infrastructures. Après d’importants ajustements techniques, la raffinerie est désormais fin prête à opérer ce changement stratégique dans le cadre du programme « SAR 2.0 ».
La réception de cette cargaison a nécessité d’importants investissements. Un budget de 53 milliards FCFA a été mobilisé pour moderniser les installations de la SAR et les adapter aux caractéristiques du brut de Sangomar. Cette mise à niveau concerne autant les aspects technologiques que logistiques.
Le pétrole a été chargé à bord du FPSO Léopold Sédar Senghor, stationné à une centaine de kilomètres des côtes sénégalaises, avant de rejoindre les infrastructures du Port autonome de Dakar (PAD). Cette opération marque une nouvelle étape dans la stratégie d’autosuffisance énergétique du pays.
Depuis sa création, la SAR assure l’approvisionnement du marché sénégalais en produits pétroliers tels que le gaz butane, l’essence super, le kérosène, le gasoil et le fuel oil. Avec une capacité de raffinage passée de 600 000 tonnes par an à 1,5 million de tonnes, elle se positionne aujourd’hui comme un acteur stratégique pour l’économie nationale.
La transformation locale du brut de Sangomar ouvre de nouvelles perspectives pour le renforcement de la souveraineté énergétique du Sénégal, réduisant ainsi sa dépendance aux importations. Cette étape décisive préfigure également d’autres projets pétroliers, en lien avec les découvertes offshore du pays.
Le début du raffinage du brut national est donc plus qu’un simple enjeu économique ; c’est un symbole de l’industrialisation et de l’émergence du Sénégal sur l’échiquier pétrolier international.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 09/02/2025
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