C’est une illustration qui en dit long sur la perception de la compétition technologique mondiale. En une de Libération, deux robots symbolisant les puissances américaine et chinoise s’affrontent dans une course effrénée, tandis qu’un troisième, estampillé « France-Union Européenne », tente de suivre le rythme, avec Emmanuel Macron en selle. Un symbole fort alors que Paris accueille pendant deux jours un sommet international consacré à l’intelligence artificielle (IA), où chefs d’État et acteurs majeurs du secteur planchent sur l’avenir de cette technologie révolutionnaire.
« La chasse à l’intelligence artificielle », titre ainsi Libération, tandis que Le Figaro prévient : « L’Europe ne peut pas passer à côté de la révolution de l’IA. Sa survie en dépend. » Le quotidien s’interroge sur le rôle que l’Union européenne entend jouer : simple régulateur ou acteur à part entière ? « Se contenter d’ériger des garde-fous pendant que d’autres bâtissent des empires ? Ou bien va-t-elle enfin comprendre qu’il est urgent de déverser des milliards et de faire tomber des barrières pour se doter d’infrastructures dignes de ce nom ? » s’indigne le journal conservateur.
Au-delà de la compétitivité économique, la question de la souveraineté numérique est au cœur des débats. « Un continent qui ne contrôle pas ses outils numériques devient dépendant, vulnérable, voire une colonie numérique des puissances de la Silicon Valley ou de Shenzhen », avertit Le Figaro.
Le Monde se veut plus nuancé. Si l’Europe accuse un retard face aux mastodontes américains et chinois, « tout n’est pas joué », assure une source de l’Élysée au quotidien. « L’exemple de DeepSeek montre qu’il n’y a pas besoin de centaines de milliards de dollars pour développer des IA. Il reste énormément de transformations à venir. » Un optimisme prudent dans un « contexte turbulent et incertain », commente Le Monde.
Le Soir, à Bruxelles, met, quant à lui, l’accent sur l’impératif d’une gouvernance mondiale de l’IA. « Laisser les géants de la tech décider à notre place n’est pas une option », prévient le quotidien belge, qui souligne l’importance d’un cadre collectif.
Outre les enjeux politiques et économiques, la communication autour de l’événement fait aussi réagir. Le Corriere Della Sera s’attarde sur une vidéo publiée par l’Élysée, où Emmanuel Macron apparaît sous diverses formes générées par IA : en rockeur, en fêtard invétéré ou encore en personnage de film. « Un moyen décalé d’expliquer l’importance du sommet, mais aussi de replacer la France et l’Europe au centre du jeu », note le journal italien.
Et si l’Europe peine à rattraper les leaders mondiaux, elle ne reste pas à la traîne. « L’assistant IA le plus rapide du monde est européen et s’appelle Le Chat, conçu par la start-up française Mistral avec le soutien du groupe technologique émirati G42 », rappelle Le Corriere. De quoi donner du poids à la tribune de Sam Altman, patron d’OpenAI, publiée dans Le Monde, où il salue la France comme « centre névralgique de l’IA » en Europe.
Si les ambitions sont là, reste à savoir si l’Union européenne saura transformer l’essai pour ne pas rester simple spectatrice d’une révolution qui redessine le monde.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 10/02/2025
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