Un coup de maître ou une erreur politique : Soudan du Sud - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 15/02/2025 11:02:44

Un coup de maître ou une erreur politique : Soudan du Sud

La récente purge opérée par le président Salva Kiir a fait beaucoup de bruit et soulève des interrogations. Alors que des remplacements s’opèrent à des postes clés, la nomination de Benjamin Bol Mel au poste de vice-président en charge de l’Économie semble être une décision particulièrement controversée. Ce geste, qui s’ajoute à d’autres décrets majeurs du président, donne l’impression qu’il prépare le terrain pour une succession politique, un mouvement qui semble aussi audacieux qu’inhabituel. Mais qu’est-ce qui motive réellement cette promotion?

Benjamin Bol Mel, homme d’affaires de 47 ans, a été placé sous sanctions par les États-Unis pour des accusations de corruption en 2017 et à nouveau en 2021. Ce n’est pas exactement la figure qui devrait inspirer confiance à une nation qui cherche à se stabiliser après des années de guerre civile. Accusé d’avoir empoché des milliards de dollars pour des projets d’infrastructure non réalisés, Bol Mel semble avoir bâti sa carrière sur des fondations douteuses. Et pourtant, il se retrouve aujourd’hui à un poste stratégique dans le gouvernement sud-soudanais, comme si tout cela n’avait aucune conséquence. Frustrant, n’est-ce pas?

Le président Salva Kiir, qui approche de la fin de sa présidence à 73 ans, semble vouloir réduire ses opposants pour installer un successeur docile. En nommant un homme comme Benjamin Bol Mel, dont l’implication dans des affaires corrompues est bien documentée, Kiir pourrait bien se préparer à assurer la pérennité de son pouvoir. Mais le plus inquiétant dans cette histoire, c’est que cette nomination semble être un coup de maître dans une bataille politique interne où l’objectif est clair : éliminer ceux qui pourraient prétendre à la succession pour faire place à un allié.

Ce choix, bien qu’il puisse être perçu comme une stratégie habile par Kiir, n’est pas sans risques. Si certains voient dans ce geste une solution pour renforcer la position du président, d’autres estiment que cela ne fait que raviver les tensions et exacerber les rivalités au sein du gouvernement. Le chercheur Daniel Akech Thiong de l’International Crisis Group met en garde : la promotion de Bol Mel pourrait unir les rivaux de Kiir contre lui, une alliance qui pourrait bien s’avérer fatale à son pouvoir.

Au-delà de la politique interne, cette nomination pourrait aussi déstabiliser davantage les relations diplomatiques du Soudan avec le Sud-Soudan. Les liens de Benjamin Bol Mel avec les Émirats Arabes Unis, accusés de soutenir les paramilitaires FSR contre l’armée soudanaise, ne manquent pas de créer des frictions supplémentaires dans une région déjà fragile. Le timing de cette nomination, après une série de décrets qui ont secoué la scène politique de Juba, suggère que Salva Kiir pourrait bien être en train de jouer une partie risquée sur plusieurs fronts. Mais pourquoi est-ce toujours aux Sud-Soudanais de payer le prix de ces manœuvres?

Article opinion écrit par le créateur de contenu : El Hadji Soumare.
Mis en ligne : 15/02/2025

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