Au Sénégal, un paradoxe se profile sous nos yeux : des bibliothèques publiques, institutions essentielles à la préservation et à la diffusion du savoir, qui se retrouvent souvent dans un état de délabrement avancé ou abandonnées. Ce constat, bien que regrettable, n’est pas récent.
Alors que la modernité et les nouvelles technologies semblent envahir tous les aspects de notre quotidien, l’oubli de ces espaces de savoir symbolise la négligence de notre patrimoine intellectuel et culturel. Les bibliothèques, pourtant cœur de l’éducation et de la culture, semblent avoir été reléguées au second plan dans les priorités de l’État et de la société.
Le problème réside dans le manque d’entretien et de financement des bibliothèques publiques. Des milliers de livres, parfois rares et précieux, sont laissés à l’abandon dans des bâtiments souvent vétustes. Ce manque de maintenance est particulièrement visible dans les bibliothèques rurales, où l’accès à l’information est déjà limité par la distance et l’isolement. Pour de nombreux étudiants et chercheurs, la bibliothèque est le seul endroit où ils peuvent accéder à des ressources, et son abandon marque un véritable frein à l’accès au savoir. Cette situation ne fait qu’aggraver les inégalités d’accès à l’éducation et à la culture.
Paradoxalement, le Sénégal a un fort potentiel en matière d’éducation et de recherche, avec des universités et des écoles qui produisent chaque année des milliers de diplômés. Pourtant, ces derniers se heurtent souvent à un manque de ressources et à une infrastructure inadaptée pour leur développement intellectuel. Les bibliothèques pourraient être une solution à ce problème, en tant que lieux de recherche et de découverte. Cependant, sans une véritable volonté politique pour rénover et moderniser ces espaces, elles restent des lieux oubliés, privés de la vocation qui devrait être la leur.
Un autre point à considérer est la place de la culture numérique. Alors que le monde entier s’ouvre à l’ère du numérique, les bibliothèques du Sénégal restent souvent en dehors de cette révolution. L’absence de systèmes informatiques modernes, de livres électroniques et d’accès à Internet ralentit considérablement l’évolution de ces espaces de savoir. L’intégration du numérique dans les bibliothèques permettrait non seulement de rendre les ressources plus accessibles, mais aussi de les connecter aux vastes bibliothèques virtuelles mondiales.
Il est grand temps que les autorités sénégalaises prennent conscience de l’importance des bibliothèques dans le développement d’une nation. La préservation et la modernisation de ces espaces sont essentielles pour offrir à la population sénégalaise un accès équitable à la culture et à la connaissance. Au-delà des murs en pierre, c’est un véritable projet de société qu’il s’agit de réhabiliter : un projet pour un avenir plus éclairé, plus informé et plus inclusif.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Fatou Toure.
Mis en ligne : 18/02/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.