Quand l’État sacrifie les siens : Accaparement des terres au Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 10/03/2025 12:03:15

Quand l’État sacrifie les siens : Accaparement des terres au Sénégal

Le phénomène d’acquisition massive de terres agricoles par des étrangers dans certaines régions du Sénégal soulève des préoccupations croissantes. Depuis le second mandat de Maître Abdoulaye Wade et durant celui de Macky Sall, des milliers d’hectares de terres ont été cédées à des entreprises et à des hommes d’affaires étrangers, principalement dans les zones Nord et Centre du pays.

Cette situation, qui semble être un business florissant, soulève des questions sur la manière dont ces acquisitions se font et sur les implications à long terme pour les populations locales.

L’un des éléments récurrents dans ce processus est la manière dont les affaires foncières sont menées en coulisses. Des stratégies bien orchestrées permettent à certains acteurs d’entrer en contact avec des figures de pouvoir au Sénégal, qu’il s’agisse de membres de la famille présidentielle, de ministres ou de responsables locaux. Ces relations permettent de faciliter les transactions foncières au détriment des citoyens et des autorités locales qui se retrouvent souvent dans une position de subordination ou d’ignorance face à ces décisions. Le maire, au mieux, est consulté après coup, et au pire, il devient complice de cette manœuvre en échange de récompenses substantielles.

Les terres agricoles, une fois acquises, servent en réalité de levier pour accéder à des financements bancaires. Ces terres sont mises en gage pour lever des crédits massifs qui atteignent des milliards de francs CFA, et une fois l’argent obtenu, ces terres sont revendues à d’autres investisseurs privés. Le pire, c’est que ces transactions échappent à l’impôt, souvent sous la bénédiction de responsables politiques ou administratifs qui ont le pouvoir d’accorder des exonérations fiscales, au mépris des procédures légales. Cela montre comment les terres ne sont pas seulement des biens matériels, mais des instruments pour l’enrichissement rapide de quelques-uns, au détriment de l’intérêt général.

Les pratiques d’acquisition foncière ne se limitent pas à l’agriculture. Elles touchent aussi le domaine urbain, comme en témoigne la construction du nouveau tribunal de Guédiawaye. Derrière ce projet, plusieurs parcelles de terrain ont été distribuées à des acteurs politiques, des fonctionnaires, des hommes d’affaires et des marabouts. Le prétexte de l’utilité publique a souvent été utilisé pour justifier la spoliation de terres qui auraient dû servir à des projets d’envergure au bénéfice des populations locales. Dans ce cadre, des milliards ont été redistribués au sein d’un petit cercle privilégié, excluant la grande majorité des Sénégalais.

Le véritable fléau qui ronge le Sénégal depuis plus de deux décennies réside dans la collusion entre les politiques, les fonctionnaires et les hommes d’affaires. Ces acteurs ont depuis longtemps détourné une partie des richesses foncières du pays pour leur propre profit, sacrifiant ainsi les intérêts de la population. Le mal du Sénégal, dans ce cas précis, ne se trouve pas dans la pauvreté ou l’ignorance des citoyens, mais dans l’incapacité de l’État et de ses responsables à protéger les biens communs. Il est donc urgent d’enrayer ce phénomène de spoliation systématique et de rendre des comptes sur les pratiques de gestion foncière au Sénégal.

Il est grand temps que le peuple sénégalais, les autorités locales et les institutions se lèvent pour mettre un terme à cette hémorragie foncière. L’enrichissement illégitime de quelques-uns au détriment du peuple ne doit plus continuer. Il est impératif de redonner au Sénégal son autonomie sur ses terres et de restaurer une gestion transparente et équitable des ressources foncières.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Sow Djibril.
Mis en ligne : 10/03/2025

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nabou
les deux grands prézi du pays
Le 2025-03-10 10:04:34

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