Des civils pris pour cibles : Massacres dans l'ouest du Burkina Faso - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 13/03/2025 10:03:46

Des civils pris pour cibles : Massacres dans l'ouest du Burkina Faso

Dans la semaine du 10 mars, l’ouest du Burkina Faso a été secoué par des exactions brutales commises par les forces militaires burkinabè, entre Bobo-Dioulasso et Nouna.

Plusieurs villages de la zone de Solenzo ont été attaqués, et les images qui circulent sur les réseaux sociaux témoignent d’une violence inouïe. Des scènes macabres montrent des hommes armés enjambant des corps, souvent ligotés ou abattus, sans aucun jugement préalable.

Parmi ces corps, celui d’un bébé de quelques mois, couché contre un proche, hurle désespérément, la bouche remplie de terre rouge. Une autre vidéo, encore plus choquante, dévoile un triporteur chargé de dizaines de cadavres, indiscernables entre vivants et morts. Deux membres des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), supplétifs de l’armée, sont filmés assis sur cette pile humaine, plaisantant comme si de rien n’était.

Les violences ont eu lieu entre le 10 et le 11 mars, mais selon plusieurs témoignages recueillis, elles se poursuivent encore, rendant difficile l’estimation du nombre exact de victimes. Ce massacre est désormais un point de tension majeur dans la région.

Les autorités burkinabè, de leur côté, tentent de justifier ces actes. Selon la version officielle, ces razzias auraient visé des voleurs de bétail et des complices présumés des terroristes qui sévissent dans la région. Trois bataillons d’intervention rapide seraient intervenus, neutralisant les suspects avant de récupérer les bétail volés.

Cependant, une autre version, moins officielle, évoque une expédition punitive contre la communauté peule, une population régulièrement suspectée de soutenir les groupes terroristes opérant dans la région de Solenzo. Cette hypothèse trouve un écho dans l’histoire récente de la région : en novembre dernier, un lynchage a eu lieu dans la commune de la boucle du Mohoun, où la population excédée par l’insécurité et la passivité des forces de sécurité avait tué le chef de canton. Le climat de violence semble donc alimenter des pratiques de justice populaire et des représailles sanglantes.

La mairie de Solenzo, dans un communiqué officiel en date du 10 mars, a confirmé la saisie de 463 bœufs et 41 moutons par les autorités militaires. Toutefois, aucune mention n’a été faite des exactions, des massacres ou des représailles mortelles infligées aux civils. Le silence des autorités locales et de la junte militaire sur ces événements soulève de nombreuses interrogations, laissant les témoignages de la population et les images virales comme seules sources de vérité pour l’opinion publique.

Cette tragédie souligne une fois de plus la dérive inquiétante de la situation sécuritaire au Burkina Faso, où les violences contre les civils se multiplient dans un climat de plus en plus marqué par l’impunité.

Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 13/03/2025

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