L’agriculture sénégalaise est-elle condamnée à dépendre des multinationales étrangères au détriment des producteurs locaux ? C’est la question que soulève la récente inauguration d’une chambre froide de 15 000 tonnes par trois ministres du gouvernement, non pas pour célébrer une avancée portée par des acteurs nationaux, mais pour saluer l’expansion de Swami Agri, une filiale du géant indien Sénégindia.
Ce groupe étranger, qui exploite déjà 3 000 hectares de terres à Mbane, bénéficie depuis des années de vastes concessions accordées sous l’ère de Macky Sall. Pendant ce temps, les agriculteurs sénégalais peinent à accéder à la terre et aux financements nécessaires à leur développement. À quel modèle agricole veut-on nous faire adhérer ? Celui où l’État applaudit des investissements extérieurs pendant que ses propres citoyens luttent pour survivre ?
La présence de trois ministres à cette cérémonie pose un véritable problème de vision et de priorités. Il ne s’agit pas d’un projet public, ni d’une initiative gouvernementale visant à renforcer l’autonomie agricole nationale. Swami Agri est une entreprise privée, qui prospère grâce aux avantages fiscaux et fonciers octroyés sous le régime précédent. Pourquoi, alors, mobiliser des représentants de l’État pour un événement qui ne profite qu’à des intérêts privés étrangers ?
L’absurdité de la situation est d’autant plus frappante que cette politique est la continuité exacte de celle menée par Macky Sall. Les mêmes choix, les mêmes dépendances, les mêmes concessions à des groupes étrangers au détriment d’une agriculture nationale forte. Ceux qui critiquaient hier cette orientation semblent aujourd’hui l’adopter sans la moindre remise en question.
Le rôle de l’État ne devrait-il pas être de structurer une politique agricole qui place les Sénégalais au centre de leur propre souveraineté alimentaire ? Ce que nous attendions du nouveau gouvernement, c’était un véritable virage stratégique :
Stopper l’attribution massive de terres aux multinationales étrangères ;
Réserver les terres agricoles stratégiques aux producteurs locaux et encadrer leur accès ;
Mettre en place un plan ambitieux pour la production et la transformation locale ;
Créer des champions nationaux capables de rivaliser avec les grands groupes étrangers ;
Favoriser une agriculture qui profite avant tout aux Sénégalais.
Aujourd’hui, force est de constater que nous restons enfermés dans les mêmes schémas du passé. Le gouvernement persiste à brader notre patrimoine agricole au lieu de construire une véritable souveraineté alimentaire. Il est temps d’ouvrir les yeux : cette dépendance aux investisseurs étrangers n’est ni un progrès ni une réussite, c’est une soumission économique inacceptable.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ameth Diallo.
Mis en ligne : 20/03/2025
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