Nichée au cœur du lac Nokoué, au sud du Bénin, Ganvié n’est pas une ville comme les autres. Construite entièrement sur l’eau, elle défie les conventions de l’urbanisme moderne.
Sur ses pilotis et ses pirogues se dessine un mode de vie ancestral, à mille lieues du béton des capitales africaines en pleine expansion. Certains l’appellent la Venise de l’Afrique. C’est flatteur, mais quelque peu réducteur. Car Ganvié est bien plus qu’un simple décor de carte postale.
Fondée au XVIIe siècle par les Tofinu pour échapper aux razzias esclavagistes des royaumes voisins et des colons, Ganvié est d’abord une ville de résistance. Ses habitants ont bâti leur monde au milieu du lac, là où les cavaliers ennemis ne pouvaient les atteindre. Depuis, leur héritage flotte toujours entre les roseaux.
Aujourd’hui, Ganvié attire curieux et touristes. On s’y rend en pirogue, on y achète des poissons sur des marchés flottants, on y vit au rythme lent de l’eau. Le charme est indéniable. Mais sous la surface tranquille, la ville affronte de nombreux défis.
La pollution du lac, la pression démographique, le manque d’accès à l’eau potable et à l’électricité menacent la qualité de vie des Ganviens. Le tourisme, encore mal encadré, apporte autant de promesses que de déséquilibres. Loin de l’image de carte postale, la réalité est celle d’une ville qui survit avec peu, mais avec dignité.
Ganvié mérite mieux qu’une comparaison rapide à Venise. C’est un symbole vivant d’ingéniosité africaine, de résistance culturelle et d’harmonie avec un environnement fragile. Plutôt que de vouloir la transformer en produit touristique, peut-être faut-il d’abord l’écouter. Comprendre ses rythmes, ses besoins, ses savoirs.
Car Ganvié n’est pas qu’un patrimoine à photographier : c’est une leçon d’adaptation. Une preuve que l’homme peut vivre sur l’eau, non par caprice ou luxe, mais par nécessité, avec respect et intelligence.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Marie Joe.
Mis en ligne : 12/04/2025
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