La proposition de résolution déposée par le député Guy Marius Sagna, visant à mettre en accusation l’ancien président Macky Sall pour haute trahison, fait la une des quotidiens parus ce mercredi.
D’après plusieurs journaux, dont Vox Populi, le parlementaire issu du parti au pouvoir Pastef-Les Patriotes a transmis mardi au président de l’Assemblée nationale un document demandant l’ouverture d’une procédure de mise en accusation contre Macky Sall, qu’il accuse de « haute trahison ».
La résolution met en lumière plusieurs griefs, parmi lesquels figure « la contraction, hors de tout cadre légal, d’une dette publique d’un montant de 2.517 milliards de francs CFA, sans autorisation parlementaire ni inscription dans la loi de finances ».
Elle dénonce également « l’usage massif et irrégulier de comptes de dépôt du Trésor (SNPE) pour un montant de 2.562 milliards de francs CFA, en violation du principe de contrôle budgétaire ».
Le texte épingle par ailleurs « la dissimulation du déficit réel de l’État […] et de la dette publique globale […] », ainsi que « la mise en œuvre d’un système de gouvernance financière opaque et dissimulatrice, contraire aux engagements constitutionnels de bonne gouvernance et de transparence dans la gestion des affaires publiques ».
« Pastef envoie Macky [Sall] à la guillotine », titre WalfQuotidien, qui souligne cependant que traduire l’ancien chef de l’État devant la Haute cour de justice « ne sera pas chose aisée ». Le journal prévient : « Il y a un océan à franchir de la procédure d’extradition jusqu’à son attrait devant la juridiction, après l’adoption de la proposition de mise en accusation pour haute trahison ».
Interrogé par Sud Quotidien, l’enseignant-chercheur en droit Serigne Thiam rappelle que « même s’il y a une loi qui protège un ancien président, ce n’est pas dans le sens qu’il ne puisse pas faire l’objet de poursuites ».
De son côté, le professeur de droit constitutionnel Oumar Sow ajoute dans le même journal qu’« en dépit de l’absence d’une définition juridique précise de la haute trahison, cela ne saurait faire obstacle à des poursuites engagées contre un ex-président ».
Malgré la complexité juridique et politique de l’affaire, L’Observateur estime que le pouvoir « accélère la marche de Macky Sall vers la Haute cour de justice », avançant que l’ancien président « pourrait bientôt être poursuivi pour haute trahison […] » si la résolution de Guy Marius Sagna est adoptée par les députés.
En revanche, le groupe parlementaire d’opposition Takku Wallu Senegaal, dirigé par l’ancienne ministre de la Justice Me Aïssata Tall Sall, exprime sa ferme opposition à cette initiative. Le Quotidien rapporte que la coalition « désapprouve la démarche du député Pastef Guy Marius Sagna […] » et, « déterminée à s’opposer à cette ‘forfaiture’, Takku Wallu appelle les Sénégalais à se mobiliser contre la ‘justice des vainqueurs’ que Pastef est en train d’ériger ».
Dans le même esprit, L’As souligne que Takku Wallu est « sur le pied de guerre » et dénonce une « basse manœuvre ».
En parallèle, plusieurs titres de la presse se penchent sur la question de la reddition des comptes, notamment en lien avec les enquêtes ouvertes sur la gestion du Fonds de riposte contre les effets du Covid-19.
Le journal Libération rapporte que dans ce dossier, « le procureur a émis 25 ordres d’arrestation ». Source A évoque de son côté une « cascade d’arrestations dans l’affaire des fonds Covid-19, trois ans après la publication du rapport de la Cour des comptes ».
Tous les responsables du ministère de la Santé mis en cause seraient actuellement gardés à vue à la Division des investigations criminelles (DIC), en attendant leur déferrement prévu ce mercredi, selon la même source.
À cette occasion, Enquête revient sur le parcours du procureur du Tribunal de grande instance de Dakar, Ibrahima Ndoye, chargé de l’affaire. Le journal décrit un « magistrat indépendant, rigoureux et très à cheval sur les principes », soulignant que « l’enfant de Yeumbeul » est également « un homme très pieux qui, pour rien au monde, ne va transgresser sur les principes ».
Enquête ajoute qu’Ibrahima Ndoye « a marqué la justice par son refus de plier sous la pression politique » et « ne recule pas, même face aux symboles intouchables », citant l’affaire Bara Tall comme un moment décisif de sa carrière.
« Face aux potentielles dérives craintes, il peut être une digue contre l’arbitraire », conclut le quotidien, saluant « un magistrat droit dans ses bottes ».
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 16/04/2025
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