Nouvelle offensive du parquet financier dans le cadre de la reddition des comptes. Alors que les investigations se multiplient à Dakar, la traque des malversations présumées s’étend désormais aux régions. Selon des informations exclusives du journal Libération, une enquête discrète a été confiée à la Section de recherches (SR) de Saint-Louis. En ligne de mire : de présumés marchés fictifs liés au projet Agropole Nord.
D’après les sources du quotidien, d’importantes sommes auraient été engagées dans ce projet sans que des réalisations concrètes ne soient visibles sur le terrain. Une situation qui a éveillé les soupçons du parquet financier, décidé à faire la lumière sur l’utilisation des fonds publics. La SR de Saint-Louis est ainsi mobilisée pour mener des investigations approfondies, dans une démarche marquée par une extrême discrétion.
Ce déploiement régional s’inscrit dans une stratégie plus large de décentralisation de la lutte contre la corruption et les malversations économiques. Une orientation déjà visible dans l’affaire de l’Agence nationale d’aménagement des zones industrielles (ANAMO), pour laquelle la SR de Thiès avait été sollicitée.
Cette précédente enquête a abouti à l’arrestation de plusieurs personnes, dont l’ex-directeur administratif et financier de l’Agence, l’actuel agent comptable particulier ainsi que plusieurs fournisseurs. Tous ont été déférés devant le parquet vendredi dernier, après un retour d’enquête, et leur sort devrait être fixé ce mardi.
Le projet d’Agropole Nord, aujourd’hui sous le feu des projecteurs judiciaires, s’inscrit dans un ambitieux programme de développement agricole lancé par l’État. Objectifs affichés : modernisation du secteur, industrialisation de la transformation agroalimentaire, et création d’emplois dans les zones rurales. Mais les révélations de Libération jettent une ombre sur la mise en œuvre du projet, alimentant les doutes quant à la transparence dans la gestion des fonds.
L’enquête menée par la SR de Saint-Louis devra déterminer si les procédures de passation de marchés ont respecté la réglementation, si les contrats ont été exécutés, et si les prestations facturées ont une existence tangible. En toile de fond, des soupçons lourds : détournement de deniers publics, faux et usage de faux, complicité, blanchiment de capitaux. Autant de chefs d’accusation passibles de lourdes peines, si les faits sont avérés.
Au-delà de cette affaire, ce nouveau front judiciaire illustre la volonté des autorités de sortir des sentiers battus, en élargissant leur champ d’action à des structures souvent perçues comme hors de portée des grands contrôles de la capitale. En misant sur les SR régionales, le parquet financier entend resserrer l’étau, où qu’il le faille.
Une chose est certaine : la chasse aux marchés fictifs est lancée, et la justice semble bien décidée à remonter la chaîne des responsabilités, jusqu’au bout.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 22/04/2025
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