Un zoo maquillé en réserve naturelle : La réserve de Bandia - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Tourisme & Voyage | Par Maimouna | Publié le 23/04/2025 03:04:03

Un zoo maquillé en réserve naturelle : La réserve de Bandia

Il serait difficile de nier la beauté du cadre naturel qu’offre la réserve de Bandia, cette étendue verdoyante à quelques encablures de Dakar qui propose une immersion dans un monde sauvage soigneusement mis en scène.

Mais derrière le décor bucolique et les girafes posant pour les objectifs touristiques, une question se pose avec insistance : que représente réellement la Réserve de Bandia dans le paysage environnemental et touristique sénégalais ?

Créée en 1990, la réserve de Bandia est souvent vantée comme une fierté nationale, une réussite dans la préservation de la faune africaine. Pourtant, il s’agit d’une réserve privée, clôturée, où les animaux vivent dans un espace contrôlé, parfois loin de leurs habitats naturels. Les rhinocéros viennent d’Afrique australe, les zèbres et les antilopes partagent des hectares qu’ils n’ont jamais connus dans la savane sénégalaise. Cette importation d’espèces soulève un débat de fond : est-ce encore de la préservation ou bien un zoo à ciel ouvert pour les classes moyennes européennes et quelques privilégiés locaux ?

L’expérience y est évidemment agréable. Les animaux sont visibles, les guides sont souvent bien formés, et l’on peut faire un « safari » en deux heures chrono, sans poussière dans les yeux ni crainte du lion caché. Mais justement, ce confort n’est-il pas aussi sa limite ? L’immersion promise n’a rien de comparable avec les grandes réserves naturelles d’Afrique de l’Est, où l’animal reste maître de son territoire et où l’homme n’est qu’un visiteur discret. À la réserve de Bandia, tout est balisé, encadré, presque trop propre.

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Il faut aussi interroger l’absence quasi totale d’une dimension éducative forte pour les visiteurs sénégalais. Le tarif d’entrée est souvent prohibitif pour les locaux, ce qui cantonne la réserve à une fonction quasi exclusive de divertissement touristique. Où est la pédagogie environnementale ? Où sont les programmes ouverts aux écoles rurales, les initiatives pour former les jeunes à l’importance de la biodiversité ? L’animal est réduit à un objet d’attraction, et non à un élément vital d’un écosystème.

Dans un pays confronté à de lourds défis environnementaux, notamment la déforestation, l’érosion côtière ou la disparition des espèces locales, la réserve de Bandia pourrait jouer un rôle bien plus actif et engagé. Mais elle semble davantage se contenter de sa rentabilité que de son devoir écologique. En privatisant la faune, on court le risque de créer une illusion de protection de la nature, tout en détournant le regard des vrais enjeux écologiques du pays.

La réserve de Bandia fascine, séduit, mais trompe aussi. Elle symbolise cette tendance à transformer le sauvage en produit touristique, à masquer le réel sous une carte postale. Cela ne veut pas dire qu’elle est inutile ou à condamner, bien au contraire. Mais pour être légitime et crédible, elle devra tôt ou tard sortir de son rôle de décor animalier pour assumer une vraie responsabilité environnementale, sociale et pédagogique.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Tamsir Tall.
Mis en ligne : 23/04/2025

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