Les déclarations récentes d’Amadou Ba sur l’urgence de privilégier le travail plutôt que les campagnes électorales permanentes ont suscité des réactions contrastées. Pourtant, on doit saluer son discours. Dans un contexte politique sénégalais dominé par des polémiques stériles et des affrontements verbaux, il apporte une bouffée d’air frais en appelant au sérieux et à la retenue.
« Il y a un temps pour chaque chose », rappelle Amadou Ba. Une évidence, semble-t-il, mais que beaucoup dans la classe politique refusent d’admettre. Au Sénégal, les acteurs politiques transforment trop souvent la politique en une course médiatique. Ils remplacent les débats d’idées par des invectives et privilégient les calculs électoralistes au détriment de la gouvernance. Cette attitude provoque une paralysie institutionnelle : ils soupçonnent chaque décision et contestent chaque projet, non pas sur le fond, mais par pur réflexe d’opposition.
Amadou Ba a raison, un gouvernement doit travailler sans être constamment happé par les logiques de campagne. Comment mener des réformes économiques, améliorer les infrastructures ou renforcer les services publics si le débat politique se résume à des attaques personnelles et à des stratégies de déstabilisation ?
Plus encore, son insistance sur le respect mutuel dans les débats publics est cruciale. Les dérives verbales, les insultes et les humiliations ne sont pas anodines : elles alimentent un climat de violence qui, tôt ou tard, peut dégénérer. La démocratie ne se résume pas à une arène où tous les coups sont permis. Elle exige un minimum de décence et de respect pour l’adversaire.
Certains opposants, rejettent cette vision, brandissant la menace d’un « régime qui agit à sa guise ». Mais cette rhétorique est précisément le problème : elle entretient une méfiance systématique, comme si toute action gouvernementale était par définition suspecte. Une opposition constructive est nécessaire ; une opposition qui paralyse par principe ne sert ni la démocratie ni le pays.
Cela ne signifie pas qu’il faille museler l’opposition. Au contraire, son rôle est essentiel. Mais elle doit se concentrer sur des contre-propositions plutôt que sur des logiques de blocage. Si Amadou Ba appelle à laisser le gouvernement travailler, c’est aussi un appel implicite à une opposition plus responsable, qui participe au débat plutôt qu’elle ne le pollue.
Le Sénégal a besoin d’une pause dans la surenchère politicienne. Il a besoin de dirigeants qui travaillent et d’opposants qui contrôlent, proposent, et débattent sans tomber dans la provocation permanente. La position d’Amadou Bâ n’est pas une tentative d’étouffer la démocratie, mais au contraire de la préserver de ses pires démons.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Penda Kane.
Mis en ligne : 24/04/2025
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