La justice sud-coréenne continue de faire tomber les figures de l’exécutif, sans distinction de bord politique. Jeudi, c’est au tour de Moon Jae-in, ancien président de centre-gauche et jusqu’ici considéré comme un modèle d’intégrité, d’être inculpé pour corruption. Une première pour celui qui, jusque-là, avait échappé aux affaires qui ont terni l’image de ses prédécesseurs.
Selon le parquet, Moon aurait abusé de sa position pour favoriser l’embauche de son gendre à un poste de direction au sein de Thai Easter Jet, une compagnie aérienne dirigée par un ex-député de son propre parti, le Parti démocrate.
En toile de fond, des soupçons de rémunérations indues : les 132 000 euros de salaires perçus par le gendre sont interprétés par les enquêteurs comme des pots-de-vin déguisés, destinés à soulager financièrement la famille de l’ancien président.
Moon Jae-in, connu pour sa politique d’apaisement vis-à-vis de Pyongyang et pour son image de président intègre, était jusqu’ici le seul ancien chef d’État sud-coréen vivant à ne pas avoir été poursuivi. Sa mise en cause marque un nouveau tournant dans une scène politique minée par les scandales à répétition.
L’affaire intervient dans un contexte déjà tendu, après la tentative controversée de proclamation de la loi martiale par l’actuel président Yoon Suk-yeol, aujourd’hui jugé pour insurrection. Un épisode inédit qui a choqué l’opinion et plongé le pays dans une crise institutionnelle sans précédent.
La Corée du Sud semble engluée dans un cycle infernal où chaque ancien président finit devant les tribunaux. Avant Moon, Lee Myung-bak et Park Geun-hye, tous deux issus du camp conservateur, ont purgé des peines de prison pour des affaires de corruption et d’abus de pouvoir. Des condamnations qui, à chaque fois, ont secoué la démocratie sud-coréenne et ravivé le débat sur l’impunité des élites.
La mise en examen de Moon Jae-in vient donc rallonger une liste déjà bien fournie. Elle risque d’alimenter davantage le climat de méfiance qui s’installe entre la population et sa classe dirigeante. Dans un pays où l’exemplarité présidentielle est scrutée à la loupe, la « malédiction » semble, une fois encore, avoir frappé.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 24/04/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.