À une semaine de son investiture, le futur chancelier allemand Friedrich Merz compose son gouvernement et affirme ses priorités en plaçant à la tête de la diplomatie un fervent partisan du soutien à l’Ukraine.
Les conservateurs de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), victorieux des élections législatives du 23 février en alliance avec leur partenaire bavarois CSU, ont annoncé lundi la nomination de Johann Wadephul, 62 ans, comme ministre des Affaires étrangères.
Originaire du nord du pays et peu connu du grand public, Johann Wadephul est un spécialiste des questions internationales au sein du Parlement, réputé proche de Friedrich Merz. Ce dernier doit être élu chancelier par les députés allemands le 6 mai prochain.
Friedrich Merz, âgé de 69 ans et sans expérience ministérielle, devra affronter de nombreux défis dans un contexte de bouleversements géopolitiques, notamment avec une Amérique devenue imprévisible sous Donald Trump, forçant l’Allemagne et l’Europe à investir massivement dans leur défense face à la menace russe. S’y ajoutent une économie encore fragile après deux années de récession et la montée de l’extrême droite (AfD), qui surpasse désormais les conservateurs dans plusieurs sondages.
Anticipant les défis économiques et militaires, le futur chancelier a déjà fait adopter un plan d’investissements massif de plusieurs centaines de milliards d’euros destiné à moderniser et réarmer le pays. La nomination de Johann Wadephul confirme l’engagement de Friedrich Merz à soutenir résolument l’Ukraine face à l’agression russe. Ancien militaire devenu avocat et député, Wadephul s’est illustré par son soutien appuyé à l’aide militaire pour Kiev, critiquant régulièrement le manque de fermeté de l’actuel chancelier sortant Olaf Scholz, notamment sur la livraison de missiles Taurus, que Friedrich Merz n’exclut pas.
D’autres ministres ont également été annoncés, bien qu’ils soient peu connus du grand public. Katherina Reiche, 51 ans, ancienne secrétaire d’État à l’Environnement et aux Transports, prendra la tête du ministère de l’Économie – un poste sensible alors que le modèle industriel allemand est en crise, accentuée par l’augmentation des tarifs douaniers américains. Par ailleurs, un nouveau ministère dédié au numérique est créé, confié à Karsten Wildberger, actuel PDG du groupe Ceconomy.
Jens Spahn, ancien ministre de la Santé et connu pour sa position critique envers la politique migratoire d’Angela Merkel, dirigera le groupe parlementaire conservateur au Bundestag.
La question migratoire reste une priorité pour le futur gouvernement, notamment après plusieurs attaques impliquant des étrangers qui ont renforcé le vote en faveur de l’AfD. Le ministère de l’Intérieur sera confié à Alexander Dobrindt (CSU), partisan d’une politique migratoire stricte.
Les conservateurs occuperont dix ministères tandis que leur partenaire social-démocrate en détiendra sept, malgré son résultat historiquement bas aux dernières législatives. Les membres du SPD doivent encore valider le contrat de coalition avec la CDU-CSU. Une fois approuvé, le SPD dévoilera les noms de ses ministres, sachant que le ministère des Finances et celui de la Défense – ce dernier probablement reconduit à Boris Pistorius leur reviendront.
Article écrit par : Yann Kabou
Mis en ligne : 28/04/2025
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