Il faut le dire sans détour : nous sommes fatigués de ce discours qui fait des femmes des objets à corriger, à discipliner, à surveiller. Fatigués que le moindre geste d’émancipation soit vu comme un scandale, une honte, une trahison. Fatigués que des femmes souvent les premières à juger d’autres femmes se fassent les bras armés d’une société patriarcale qui exige le silence, la pudeur, la soumission, surtout lorsqu’on est divorcée, mère, artiste… ou tout cela à la fois.
Mia Guissé ne vous a rien pris. Elle n’a insulté personne. Elle chante, elle vit, elle s’affirme. Et cela suffit pour déchaîner les passions. Pourquoi ? Parce qu’elle refuse de se fondre dans le moule. Parce qu’elle a osé apparaître, exister, danser, créer… hors des cases assignées à la « bonne femme sénégalaise » : discrète, mariée, couverte, obéissante.
Et voilà qu’on lui dit que ses parents devraient la « corriger », comme si elle était une délinquante. Que son statut de femme divorcée devrait la condamner à se cacher. Qu’elle vit « sous le toit de ses parents », donc qu’elle devrait se plier aux règles du patriarcat. Ce genre de propos, déguisés en conseils, sont en réalité des violences symboliques.
Depuis quand la maternité ou le divorce enlèvent-ils à une femme son droit à l’expression, à la beauté, à la liberté ? Pourquoi faudrait-il qu’une femme « se ressaisisse » dès qu’elle s’éloigne un peu de l’image figée, archaïque, qu’on a décidé de plaquer sur elle ? Pourquoi ce contrôle permanent sur les corps féminins, surtout ceux qui osent être publics ?
Le vrai problème ici, ce n’est pas Mia Guissé. C’est ce besoin obsessionnel de contrôler le corps des femmes. C’est cette mentalité qui pense que la famille doit jouer le rôle de gendarme moral, que l’art est suspect, que la visibilité d’une femme autonome est une menace. Ce sont ces voix qui hurlent « décence ! » pour cacher leur propre inconfort face à la liberté.
Non, Mia Guissé ne sort pas d’une cage. Elle se libère. Elle crée. Elle incarne cette nouvelle génération qui refuse de se taire, qui refuse qu’on la réduise à son statut matrimonial ou à ses vêtements. Elle n’a pas besoin de se ressaisir. Ce sont vos regards figés, vos jugements rétrogrades et vos injonctions étouffantes qui doivent changer.
Et à toutes les femmes qui pensent la critiquer au nom de la morale : demandez-vous sincèrement si vous défendez des valeurs… ou si vous défendez une cage dorée dans laquelle on vous a vous-mêmes enfermées.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 02/05/2025
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