Depuis l’arrivée au pouvoir du duo Diomaye-Sonko, un climat de tension persistante domine la scène politique sénégalaise. Aujourd’hui, à peine installés, les tenants du pouvoir brandissent l’idée d’un dialogue politique au Sénégal. Mais comment croire à la sincérité d’une telle démarche alors que les prisons se remplissent de citoyens dont le seul tort est d’avoir exprimé une opinion divergente ?
Il y a là une incohérence criante, une contradiction manifeste entre les actes et les paroles. Ceux qui, hier encore, rejetaient catégoriquement toute forme de concertation avec Macky Sall, veulent désormais faire croire qu’ils sont soudainement convertis à la vertu du consensus. Ce retournement brusque ressemble moins à un geste de paix qu’à une manœuvre opportuniste.
La vérité est simple : il est difficile de prôner un dialogue politique au Sénégal tout en méprisant les fondements mêmes de ce qu’il implique, le respect de l’opposition, la pluralité des voix et l’équilibre institutionnel. Or, le gouvernement actuel semble davantage guidé par la rancune et l’esprit de revanche que par un réel désir d’apaisement.
L’image d’un Premier ministre dont la communication politique consiste en attaques verbales répétées à l’endroit de ses adversaires politiques en dit long. Comment engager un dialogue sérieux dans ces conditions ? Où sont les actes concrets qui montrent une volonté d’écouter, de négocier, de construire ?
Le président Bassirou Diomaye Faye ne peut plus rester dans l’ambiguïté. Le flou autour de son autorité et de sa capacité à prendre les rênes d’un exécutif dominé par son Premier ministre nuit à toute initiative crédible. Le véritable défi du moment, ce n’est pas un simple appel au dialogue, mais la clarté dans la gouvernance.
S’il est réellement animé par un souci d’apaisement, il doit prendre ses responsabilités : remettre de l’ordre dans son gouvernement, restaurer une justice équitable, et surtout, faire libérer les détenus politiques notamment Farba Ngom, Abdou Nguer et bien d’autres. Ces gestes forts sont les préalables indispensables à tout dialogue politique crédible au Sénégal.
Pendant ce temps, la population souffre. L’opposition est traquée, les symboles de l’ancien régime diabolisés, et les Sénégalais continuent de faire face à un quotidien marqué par la précarité. Plutôt que de concentrer leur énergie sur des règlements de comptes politiques, les autorités devraient s’atteler à répondre aux urgences sociales et économiques.
Le dialogue politique au Sénégal, pour être sérieux, doit être fondé sur la transparence, l’équité et le respect mutuel. Il ne peut être un outil de diversion, encore moins une vitrine diplomatique.
Face à ce simulacre de concertation, l’opposition choisit la lucidité et la fermeté. Elle ne se prêtera pas à une mise en scène qui ne vise qu’à légitimer un pouvoir autoritaire sous des habits neufs. Tant que le gouvernement continuera à agir par l’intimidation, il ne trouvera que résistance.
Ce pays a besoin d’un vrai sursaut démocratique, pas d’un théâtre politique. Et s’il faut choisir entre une opposition complice et une opposition debout, le choix est vite fait. Nous préférons rester fidèles à nos principes plutôt que de jouer un rôle dans un dialogue factice.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ablaye Fall.
Mis en ligne : 13/05/2025
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