L’agence de notation Moody’s a abaissé, ce vendredi, la note souveraine des États-Unis, portant un coup dur à la politique économique de Donald Trump. Alors que les tensions commerciales, notamment avec la Chine, semblaient s’atténuer, cette décision relance les inquiétudes sur la trajectoire budgétaire du pays.
Pour la première fois de son histoire, Moody’s a retiré à la dette américaine la note maximale « Aaa », la rétrogradant à « Aa1 » avec une perspective stable. L’agence justifie ce déclassement par une hausse continue de l’endettement fédéral et du coût du service de la dette. En réaction, la Maison Blanche a vivement critiqué cette décision sur le réseau X, par la voix de Steven Cheung, directeur de la communication, qui a mis en cause l’économiste en chef de Moody’s Analytics, Mark Zandi : « Personne ne prend ses analyses au sérieux », a-t-il affirmé.
Le communiqué de Moody’s est pourtant sans ambiguïté : « Les gouvernements successifs ont échoué à s’accorder sur des mesures capables d’inverser la tendance des déficits persistants. » L’agence estime que le projet de loi budgétaire actuellement en discussion ne permettra pas les réductions nécessaires du déficit et des dépenses publiques.
Dans le même temps, un vote crucial au Congrès sur un vaste projet de loi économique, pierre angulaire du programme de Donald Trump, a échoué. Ce texte visait notamment à prolonger des allègements fiscaux adoptés sous sa première présidence, mais aussi à réduire de 880 milliards de dollars les dépenses fédérales sur dix ans, affectant notamment les programmes de santé destinés aux plus modestes. La division interne des républicains a conduit à un rejet du texte en commission, malgré les appels pressants de Trump sur son réseau Truth Social.
Moody’s a renforcé les arguments des opposants au projet, en avertissant que si la loi était adoptée, les déficits risqueraient de s’aggraver au cours de la prochaine décennie, rendant la dette encore plus lourde pour les finances publiques. Pour le républicain French Hill, cette dégradation constitue un « rappel sévère » de l’urgence à rétablir la stabilité budgétaire du pays. Toutefois, Moody’s conserve une perspective stable, soulignant les atouts structurels de l’économie américaine innovation, croissance et profondeur du marché. L’agence appelle toutefois à des réformes fiscales urgentes pour inverser la tendance.
Enfin, Moody’s était la dernière des grandes agences de notation à maintenir la note maximale pour la dette américaine. Fitch avait abaissé la sienne à « AA+ » en 2023, citant l’instabilité politique liée au plafond de la dette. Standard & Poor’s avait été la première à priver les États-Unis du « triple A » dès 2011. Moody’s met aussi en garde contre un scénario à long terme : si les déséquilibres budgétaires s’aggravaient davantage ou si le dollar perdait son statut de monnaie de réserve hypothèse jugée peu probable cela pourrait entraîner une forte hausse des taux d’intérêt et alourdir encore le coût de la dette.
Article écrit par : Astou Kane.
Mis en ligne : 17/05/2025
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