Une question, un soupir, et un silence lourd de sens. C’est ainsi que s’est déroulée la dernière conversation entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Une question, posée hier par le président américain à son homologue russe – dont le contenu exact reste confidentiel – fait aujourd’hui la Une du Süddeutsche Zeitung à Munich. Mais elle reste sans réponse claire. Et pour beaucoup, c’est tout le problème.
À Paris, Libération résume d’un souffle amer : « Tout ça pour ça ». Le quotidien souligne que c’était la troisième entrevue téléphonique depuis le retour de Trump à la Maison Blanche. L’objectif affiché était limpide : mettre fin au bain de sang en Ukraine. Pourtant, malgré deux longues heures d’échange qualifiées de « satisfaisantes » par les deux camps, l’issue est décevante. Une promesse de négociations, oui, mais sans substance. Pour Libération, le constat est sans appel : encore « beaucoup de bruit pour rien ».
Une manœuvre calculée de Poutine ? C’est ce que laisse entendre Le Figaro, qui évoque la volonté du Kremlin de temporiser. En se disant « prêt à travailler sur un mémorandum avec l’Ukraine », Vladimir Poutine tente de calmer l’ardeur de son interlocuteur américain, tout en conservant des positions inchangées. L’homme fort de Moscou continue de s’accrocher à ses ambitions maximalistes.
De son côté, The Washington Post reste sceptique. Selon le quotidien américain, Poutine ne cherche pas la paix, mais la victoire. L’expression utilisée par le président russe – « éliminer les causes profondes de la crise » – serait une façon détournée d’affirmer que l’Ukraine ne peut pas choisir librement son orientation européenne, mais doit demeurer sous la sphère d’influence de la Russie.
Deux stratégies, deux temporalités. À Genève, Le Temps analyse ce tête-à-tête comme un dialogue de sourds : « Le premier (Trump) est pressé d’en finir. Le second (Poutine) pense que le temps joue pour lui. »
L’échec de ce nouvel épisode diplomatique place l’Europe au pied du mur. Pour Die Welt, basé à Berlin, Poutine sort renforcé de cet échange. Et c’est désormais aux Européens de réagir. Problème : l’unité transatlantique promise récemment s’effrite aussi vite qu’elle a été annoncée. Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, réunis ce mardi à Bruxelles, sont attendus au tournant. Reste à savoir s’ils auront le courage d’agir, notamment en durcissant les sanctions contre Moscou.
Sur le front intérieur, l’Europe traverse une zone de fortes turbulences politiques, marquée par la progression des extrêmes. Le Guardian, à Londres, observe toutefois quelques éclaircies. En Roumanie, le centriste Nicușor Dan a remporté haut la main la présidentielle, grâce à une participation record. En Pologne, le libéral Rafał Trzaskowski a devancé de justesse son rival nationaliste au premier tour.
Mais ces résistances ne masquent pas un malaise plus profond. Toujours selon le Guardian, la crise du coût de la vie et l’obsession sécuritaire poussent les grands partis traditionnels à adopter des positions de plus en plus proches de celles de l’extrême droite. Résultat : un climat politique anxieux, polarisé, et fondamentalement instable.
Illustration frappante au Portugal, où El País s’inquiète de la poussée du parti d’extrême droite Chega, qui a franchi le cap des 20 % aux législatives. Le parti se retrouve désormais à la tête de l’opposition, reléguant les socialistes au second plan. André Ventura, son leader, incarne cette nouvelle vague populiste qui bouscule les équilibres établis dans un pays qui, il y a tout juste cinquante ans, sortait d’une dictature. Pour El País, il est temps que les forces progressistes s’interrogent sur les causes profondes de cette percée.
Pendant ce temps, en France, c’est un autre fléau qui inquiète. Une grande enquête de La Croix révèle des chiffres alarmants sur le trafic de drogue. En 2023, plus d’un million de personnes ont consommé de la cocaïne, un chiffre doublé par rapport à l’année précédente. Les saisies atteignent un niveau record : 23 tonnes interceptées, soit 15 fois plus que dans les années 1990. Ce phénomène est désormais qualifié de « tsunami blanc » par les experts.
La Croix entame une série de reportages pour comprendre les rouages de cette économie parallèle, des producteurs sud-américains aux circuits opaques du Golfe, en passant par les quartiers français où la poudre blanche s’installe durablement.
Article écrit par : Mariam Ba
Mis en ligne : 20/05/2025
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